En Martinique, la saison 3 de la série de France 2, Tropiques criminels avec Sonia Rolland, est en cours de tournage. Mais ces derniers jours, elle fait polémique car dans une lettre anonyme, des professionnels de l’audiovisuel estiment que non seulement le titre de la série montrerait les mauvaises facettes de l’île - avec des épisodes où il ne serait question que de violence et de drogue -, mais aussi que les techniciens et comédiens martiniquais qui y travaillent seraient sous-payés et amenés à exécuter des tâches en deçà de leur niveau de compétences.
Ce courrier a été publié la veille du vote d’une subvention de la collectivité territoriale de Martinique, qui a refusé cette fois-ci d’attribuer une somme de 500.000 euros à la série, pourtant accordée aux deux premières saisons.
Un réservoir d'emplois pour l'économie locale
Sur le plateau de tournage de Tropiques criminels, 50% des techniciens sont martiniquais. Frantz Lonete, électricien cinéma, est là depuis 3 ans. Et n'est pas malheureux. "Je suis obligé depuis plus de 15 ans de vivre dans les valises. J'ai travaillé sur une série qui s’appelle Section de Recherches, tournée à Nice, mais avec Tropiques criminels, je suis chez moi depuis deux ans", explique-t-il à Europe 1.
Une production qui capte les subventions au détriment des artistes de l'île ?
Cette série est la seule grosse production audiovisuelle en Martinique. Mais Jean-Philippe Nilor, élu d’opposition, a voté contre l’attribution de la nouvelle subvention. "Les artistes martiniquais, toutes disciplines confondues, n’ont bénéficié à titre d’aides que de 350.000 euros de la part de la collectivité. Et on serait prêt à offrir à cette série (qui est une co-production extérieure, ndlr) le bénéfice d’une subvention de 500.000 euros en cette période difficile ?", interroge-t-il auprès d’Europe 1.
Selon lui, cette série étant produite par France 2, donc le service public, elle est déjà financée par l'État. Enfin, elle ne donne pas "l'image extérieure qu'on souhaite donner à une Martinique qui se veut attractive et attirante", conclut-il.
Marie-Hélène Léontin, élue en charge de la culture, défend le projet : "Quand nous investissons 500.000 euros, nous récoltons comme retombées économiques immédiates plus de 2 millions d’euros", fait-elle valoir. Sur le plateau, ce qui inquiète les équipes, c’est surtout que la polémique pousse les producteurs à changer d’île pour la prochaine saison.