FMI : le monde freine, la France redémarre

Le FMI s'est inquiété mardi de la difficile mue de l'économie mondiale, freinée par "l'incertitude" budgétaire et monétaire aux Etats-Unis et les "déconvenues" des pays émergents.
Le FMI s'est inquiété mardi de la difficile mue de l'économie mondiale, freinée par "l'incertitude" budgétaire et monétaire aux Etats-Unis et les "déconvenues" des pays émergents. © REUTERS
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avec AFP
Le Fonds s'inquiète d'un ralentissement de l'économie mondiale, mais constate du mieux en Europe.

Le rapport. "L'économie mondiale avance à faible vitesse." Cinq ans après la crise financière, le FMI s'inquiète de la difficile mue de la conjoncture internationale. Après avoir gagné 3,2% en 2012, le PIB de la planète ne devrait plus progresser que de 2,9% cette année et de 3,6% en 2014, soit respectivement 0,3 et 0,2 point de moins qu'estimé en juillet. "Les moteurs de l'activité changent et les risques de dégradation persistent", a résumé le Fonds monétaire, dans ses projections économiques semestrielles, n'excluant pas "de nouvelles crises". Aux chapitres des mauvaises nouvelles : la croissance américaine, bridée par "l'incertitude" budgétaire actuelle, ainsi que les "déconvenues" en provenance des pays émergents. Au milieu de tout ça, en revanche, la zone euro semble relever la tête, essentiellement tirée par l'Allemagne… et la France, qui retrouve bel et bien quelques couleurs.

La fin de la récession en zone euro. Cette année encore, la zone euro sera la seule région du monde en récession. Mais le FMI table sur un rebond dès 2014 et décèle déjà de légers signes d'amélioration dans ce qu'il appelle son "noyau dur", à savoir la France et l'Allemagne. Selon le FMI, la zone devrait même connaître une récession un peu moins profonde que prévu en 2013 (-0,4% au lieu de -0,5% envisagé jusqu'ici), pour ensuite renouer avec la croissance (+1,0%) en 2014. "Les pays du noyau dur montrent des signes de reprise. Ce n'est pas le résultat d'un changement politique majeur mais d'un changement d'ambiance, qui pourrait être source de satisfaction si les particuliers et les entreprises décidaient de dépenser plus", explique Olivier Blanchard, chef économiste au sein de l'institution.

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La France et l'Allemagne vont mieux mais… La France devrait même échapper à la récession cette année et enregistrer une croissance en hausse de 0,2%, au lieu de -0,1% prévu. Et l'an prochain, la deuxième économie de la zone euro devrait voir sa croissance s'accélérer de 1%. De son côté, l'Allemagne devrait faire mieux que prévu avec une croissance de 0,5% cette année (contre 0,3% jusqu'ici) et de 1,4% l'an prochain (contre 1,3%). Mais malgré ces avancées, les problèmes demeurent. L'Europe reste confrontée à un chômage de masse - au-dessus de 12% - et à une demande intérieure anesthésiée. La faiblesse des économies du sud entrave la reprise. Et les efforts de réduction budgétaire demandés à ces pays commencent à peser. "Les pays du sud continuent de souffrir", résume Olivier Blanchard, qui recommande de revoir le type d'efforts demandés.

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Les États-Unis inquiètent. Le Fonds braque davantage son regard vers le pays de l'Oncle Sam, en dressant un diagnostic paradoxal : il sera le "principal" moteur de la croissance mondiale mais la paralysie budgétaire qui le frappe ampute son activité. Elle pourrait même "gravement endommager" l'économie du globe si elle conduit à un défaut de paiement. Dans un tel climat d'"incertitude", le pays, qui pèse près d'un quart du PIB mondial, progressera moins vite que prévu en 2013 (+1,6%) comme en 2014 (+2,6%).

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usine à kaesong, corée du nord

© REUTERS

La "fin d'un cycle" pour les émergents. La Chine et un "nombre croissant" d'économies émergentes arrivent quant à elles à "la fin d'un cycle" qui les a vues porter l'économie mondiale à bout de bras. Par rapport à juillet, le Fonds s'attend à une décélération de l'activité bien plus marquée que prévu en Inde (-1,8 point à 3,8%) ou en Russie (-1,0 point à 1,5%) en 2013. La Chine, elle, devrait principalement être affectée en 2014 (-0,4 point à 7,3%) tout comme le Brésil (-0,7 point à 2,5%). Ce réajustement à Pékin n'inquiète pas le FMI, qui y voit plutôt un signe bienvenu "de transition vers une trajectoire de croissance plus équilibrée et plus durable". Mais la situation est bien différente en Inde ou au Brésil où l'excès de "réglementation" et le manque d'infrastructures freinent l'activité. Peu financiarisée, l'Afrique sub-saharienne devrait, elle, rester à l'écart de ce tumulte et voir son PIB s'accélérer en 2013 (5,0%) et surtout en 2014 (6,0%), indique le Fonds.

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