Le Premier ministre Manuel Valls sera vendredi à Créteil, dans le Val-de-Marne, pour présenter un plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Il devrait annoncer, selon des informations Europe 1, la possibilité de lancer des actions de groupe contre les discriminations au travail ou dans l'accès au logement. Les victimes pourraient ainsi se regrouper pour mieux faire entendre leurs voix contre des entreprises ou des bailleurs. Les associations applaudissent cette mesure. Les actions de groupe, qui sont possibles en France depuis septembre 2014, ont déjà visé pour divers motifs Axa, Foncia, la SNCF et la RATP.
Des plaintes qui n'aboutissent pas. Une agence d'interim qui classe ses employés en fonction de leur couleur de peau, une entreprise qui paye différemment ses salariés selon leur nationalité ou encore un bailleur social qui choisit ses locataires en fonction de leur nom de famille… de tels cas sont nombreux. Mais pour les associations, il est difficile de faire aboutir les plaintes pour discrimination.
"Je veux pas de noirs". Maison des Potes, par exemple, en a déposé une centaine depuis 2014 mais sur ces dernières années, elle compte sur les doigts d'une main les condamnations d'entreprises par la justice. Pourtant, les témoignages affluent selon son directeur général Samuel Thomas : "des gens qui travaillent pour des agences d'intérim nous disent recevoir beaucoup d'ordres de clients qui disent 'je veux pas de noirs, je veux pas d'arabes'". Des entreprises publient aussi à Pôle emploi des annonces demandant des personnes "de nationalité française", rapporte-t-il. Et selon Maison des potes, "c'est dans le secteur où il y a le plus d'immigrés, qu'il y a le plus de demandes discriminations parce qu'ils considèrent qu'ils en ont une overdose", explique Samuel Thomas.
Actions de groupes = des plaintes de poids. Avec la possibilité de lancer des actions de groupe, les associations espèrent pouvoir peser d'avantage. Au lieu de présenter au tribunal une poignée de plaintes individuelles, elles pourront avancer plusieurs centaines de dossiers. Cependant, pour viser l'efficacité, les associations rappellent que les condamnations doivent être lourdes afin d'être dissuasives.
>> LIRE AUSSI - La SNCF poursuivie aux prud'hommes par ses cheminots étrangers
>> LIRE AUSSI - Un bailleur social jugé pour discrimination raciale
>> LIRE AUSSI - Les Français hostiles à la discrimination positive