La Chine est officiellement devenue lundi la deuxième économie mondiale. Son produit intérieur brut, c’est-à-dire l’ensemble des richesses que le pays a produit sur un an, s’est élevé à 4.372 milliards d'euros en 2010, en progression de plus de 10% par rapport à l’exercice 2009. A titre de comparaison, le PIB de la France s'est chiffré en 2009 à 2.584 milliards d'euros, celui des Etats-Unis devrait avoisiner les 11.000 milliards d'euros en 2010.
Cette “promotion“ était attendue, l’empire du Milieu ayant déjà doublé l'Allemagne en 2007 au terme d’une montée en puissance de trente ans.
Un statut qui ne surprend personne
"Il est tout à fait normal qu'un pays aussi peuplé que la Chine arrive aujourd'hui à concurrencer en termes absolus un pays comme le Japon", commente Jean-François Huchet, directeur du Centre d'études sur la Chine contemporaine de Hong Kong. A ses yeux, l'anomalie résidait d’avantage dans le fait "qu'au début des réformes en 1978, la Chine ne pesait que 0,4% du commerce international".
La Chine ne devrait pas s’arrêter à ce stade et pourrait même détrôner les Etats-Unis d'ici à 2025, selon des estimations de la Banque mondiale et de diverses institutions financières. D’autant que la crise n’a pas ralenti sa croissance, l’Etat ayant initié un vaste plan de relance qui passe par la construction d’importantes infrastructures.
A la conquête du monde
Cet essor économique se traduit depuis une dizaine d’années par une diplomatie de plus en plus active, notamment en Afrique et en Amérique du Sud. Les Chinois multiplient les accords avec les états africains pour sécuriser leurs approvisionnements en matières premières, offrant en contrepartie la construction de nombreuses infrastructures.
La Chine envisage d’ailleurs de lancer un chantier pharaonique en Colombie, afin de concurrence le canal de Panama, sous protectorat américain depuis sa création. Ce projet, révélé lundi par le Financial Times, consisterait en la construction d’une ligne de chemin de fer de 220 kilomètres permettant de transporter des conteneurs entre l’Océan Pacifique et l’océan Atlantique. “Il s’agit d’une proposition concrète et elle est plutôt bien avancée“, a commenté Juan Manuel Santos, le président colombien.
Les paradoxes chinois
Doté du deuxième PIB du monde, la Chine dispose néanmoins d’un revenu par tête qui reste dix fois inférieur à celui du Japon, du fait de son importante population de plus de 1,3 milliard d'habitants. "Les bons chiffres économiques sont une chose, mais l'essentiel est que le gouvernement laisse la population profiter de la croissance", estime aussi Zhang Haochuan, un économiste du centre de recherche sur le Japon de l'université Fudan à Shanghai.
Si la Chine produit désormais beaucoup de richesses, ses habitants commencent à peine à avoir les moyens de consommer et ont d’ailleurs commencé à multiplié les mouvements de grève. Cette faiblesse du marché intérieur chinois peut d’ailleurs devenir un danger, l’empire du Milieu étant par conséquent dépendant de la consommation dans les pays où elle exporte.