Le précédent rapport dirigé par Jacques Attali avait provoqué de vives réactions, son nouvel opus risque de ne pas arranger les choses. La Commission pour la libération de la croissance française qu’il préside propose en effet une véritable "cure d'austérité", dans un rapport remis vendredi à Nicolas Sarkozy.
Dans une "version préliminaire du rapport" dévoilée par le quotidien économique Les Echos, 25 "propositions choc" sont listées : la moitié d’entre elles porte sur la maîtrise des dépenses publiques, la priorité affichée étant de ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2013.
Gel généralisé des dépenses
"La première proposition est d'accomplir un ajustement de 75 milliards d'euros sur trois ans... en jouant ‘exclusivement’ sur la réduction des dépenses publiques (50 milliards d'euros) et en élargissant l'assiette des prélèvements ‘sans relèvement de taux’ (25 milliards)", révèle Les Echos.
La commission suggère également de "geler le point d'indice pour les fonctionnaires" et de "prolonger et élargir la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite aux collectivités locales et à la Sécurité sociale".
Santé et prestations sociales au régime sec
Le rapport préconise également de geler certaines prestations sociales et de mettre sous condition de ressources les allocations familiales.
La Sécurité sociale est elle aussi visée. Le déremboursement de médicaments et la mise en place d'une participation financière des malades en affections de longue durée (cancers, diabète...), actuellement pris en charge à 100% sans condition de ressources, sont prévus pour juguler son déficit chronique.
La TVA sociale, sujet sensible
Enfin, la commission préconise aussi la création d'une "TVA sociale", c’est-à-dire l’affectation d’une partie du produit de la TVA au financement de la protection sociale. Cette évolution se traduirait par une augmentation de la TVA, en lieu et place d’une hausse des cotisations sociales.
Une telle cure d’austérité risque d’être difficile à mettre en place pour le gouvernement, dans l’optique de l’élection présidentielle de 2012.
Attali... "Attila"
Ces mesures ont suscité de nombreuses critiques, à droite comme à gauche. La présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, y a vu "des coups de sabre qui mettent en péril le lien social et l'avenir de notre pays", le PCF des "bouffées ultralibérales délirantes" et la vice-présidente du Front national Marine Le Pen a même rebaptisé Jacques Attali "Attila"... Quant à Nadine Morano, la secrétaire d'Etat à la Famille a écarté l'hypothèse proposée de geler certaines prestations sociales et de mettre sous condition de ressources les allocations familiales, au nom de la "politique familiale" du gouvernement.