Leur salaire a baissé de 14% en 2009, mais les grands patrons gagnent toujours très bien leur vie. Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Proxinvest, les patrons des 40 plus grandes entreprises françaises (CAC 40) ont gagné en moyenne 190 fois le salaire minimum (1.344 euros par mois, soit 16.130 euros par an), en 2009.
Les patrons français avaient réduit leurs rémunérations de 25% en 2008, lorsque la crise financière avait placé au centre du débat politique les inégalités de rémunérations. En 2009, les patrons exécutifs du CAC 40 ont donc perçu en moyenne de 3,1 millions d'euros, contre 3,6 en 2008 et 4,7 en 2007.
De 557 fois à 46 fois le Smic
Mais il existe de grandes différences de rémunération dans ce top 40. Certains gagnent plus de 500 fois le Smic, alors que d’autres "ne gagnent que" 46 fois le salaire minimum. En tête du palmarès figure le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, qui a gagné en 2009 plus de neuf millions d'euros, soit environ 557 fois le salaire minimum. Il est suivi de près par Christopher Viehbacher. Le patron de Sanofi-Aventis a gagné 8,3 millions en 2009 soit environ 514 fois le Smic.
Arrive en troisième position, Bernard Arnault, patron de LVMH, avec 7,6 millions d’euros, soit environ 471 fois le salaire minimum. Puis Franck Riboud, à la tête de Danone, qui a gagné 5,8 millions d’euros, soit 360 fois le Smic, puis Henri de Castries, patron d’Axa, avec 5,6 millions d’euros soit 347 fois le salaire minimum. En bas du classement figure Michel Rollier, patron de Michelin, avec 743.628 euros, soit 46 fois le salaire minimum.
Des critères flous
Les salaires proprement dits augmentent en moyenne de 5% pour les patrons, mais ils voient baisser de 46% en moyenne les attributions d'options et d'actions gratuites, une pratique très critiquée et sur laquelle les sociétés ont mis la pédale douce. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a déclaré que 21 sociétés, sur les 56 disposant d'une politique d'attribution d'options ou d'actions, n'ont procédé à aucune attribution à leurs dirigeants au titre de l'exercice 2009.
Cependant, selon Proxinvest, ces éléments variables de rémunération restent importants et attribués sur des critères flous. "Trop souvent les critères ne sont aucunement communiqués ou ne le sont que partiellement", dit l'étude. Proxinvest relève deux dossiers qui démontrent à ses yeux que le problème des abus n'est pas résolu : l'attribution de retraites-chapeau payées par les sociétés en plus du régime général et de "parachutes dorés" élevés aux ex-dirigeants de la Société générale victimes du scandale lié à la perte record du trader Jérôme Kerviel.
Un problème de transparence
Proxinvest note un "problème de transparence" concernant la rémunération de Carlos Ghosn chez Nissan "qui était totalement cachée aux actionnaires de Renault et n'apparaît jamais dans le document de référence" du groupe automobile.
Renault a réagi mardi soir en soulignant que cette rémunération, "fixée par le conseil d'administration de Nissan", avait, "selon les lois en vigueur au Japon", été "rendue publique à l'assemblée générale de Nissan qui s'est tenue le 23 juin 2010, soit après celle de Renault, le 29 avril 2010". "Il n'y a donc là aucun manquement aux règles strictes de transparence et de gouvernance chez Renault comme chez Nissan", a ajouté le constructeur automobile français dans un communiqué.