Le gouvernement va-t-il supprimer CDD et CDI ? Le contrat de travail unique, proposé notamment par le tout nouveau Nobel d'économie français Jean Tirole, est une "idée intéressante", a en tout cas estimé jeudi Manuel Valls, soucieux de "libérer le marché du travail". "Ces discussions doivent avoir lieu d'abord au sein des partenaires sociaux", a toutefois précisé le Premier ministre, dans une interview sur BFM TV et RMC.
"Faisons confiance aux partenaires sociaux". Interrogé sur la possibilité pour le gouvernement de passer outre en cas de blocage des partenaires sociaux, Manuel Valls insiste : "le dialogue social est la marque de ce quinquennat. Il y a une crise des corps intermédiaires (...). Donc nous devons les respecter, les conforter. Et donc les partenaires sociaux peuvent pouvoir avancer". "Faisons confiance aux partenaires sociaux", a encore lancé le Premier ministre, avant de reconnaître que "oui, nous pouvons être amenés à prendre nos responsabilités (...) Mais moi je fais confiance aux partenaires sociaux".
"De la précarité pour les uns, de la stabilité pour les autres". Le Français Jean Tirole, fraichement nommé prix Nobel d'économie, ne cesse de réitérer sa proposition de supprimer CDI et CDD pour "créer un contrat unique", et ce depuis des années. En clair, un contrat sans durée déterminée, mais où il est plus facile de licencier qu'avec un CDI. "On a aujourd'hui de la sécurité pour les uns, de la précarité pour les autres. Il faudrait plutôt une solidarité", avait-il déclaré le 14 octobre dernier sur Europe1.
"Les entreprises ont très peur de créer des CDI. Elles n'ont pas de flexibilité en cas de problèmes. Elles utilisent donc beaucoup de CDD, de stages. Les jeunes passent d'un petit emploi à un autre, en passant par la case chômage", avait justifié l'économiste.
Les syndicats n'aiment pas ça. Côté syndicats, le contrat de travail unique ne fait pas vraiment recette. "C'est une vieille lune", assenait par exemple la semaine dernière Véronique Descaq, secrétaire générale adjointe dela CFDT, qui s'énervait contre les "y-à-qu'à-faut-qu'on" et plaidait pour donner "du temps" aux réformes déjà lancées par le gouvernement. "On y met tout et n'importe quoi", s'agaçait également le 16 octobre Éric Aubin, membre du bureau confédéral de la CGT. Si c'est aux partenaires sociaux de trancher, "l'idée intéressante" ne risque donc pas de voir le jour tout de suite.