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Après Airbnb et TripAdvisor, le site de réservation d'hébergement Booking.com a annoncé mardi la suppression de milliers de postes. Les plateformes en ligne comme les groupes hôteliers souffrent de la baisse importante des voyages à cause de la crise sanitaire. Ils doivent désormais anticiper les évolutions d'un secteur à l'avenir encore flou.
DÉCRYPTAGE

C'est un été noir pour les professionnels du tourisme. La plateforme de réservation d'hébergement en ligne Booking.com a annoncé mardi son intention de supprimer jusqu’à un quart de ses effectifs à cause de la pandémie de Covid-19. Elle succède ainsi à Airbnb et TripAdvisor, deux autres symboles du tourisme 2.0, qui avaient déjà annoncé des coupes nettes dans leurs effectifs, 25% dans les deux cas là aussi. Et les acteurs traditionnels ne sont pas épargnés puisque le géant de l'hôtellerie Accor va lui aussi supprimer 1.000 postes dans le monde après avoir subi une perte nette de 1,5 milliard d'euros au premier semestre.

Suppressions de postes en cascade

Booking, qui emploie quelque 17.500 personnes à travers le monde, n'a pas donné le nombre exact de postes concernés, affirmant que des détails seront communiqués "dans les semaines et les mois à venir" mais elle a rappelé que "la crise du Covid-19 a dévasté l'industrie du voyage". "Nous continuons à en ressentir l'impact avec les volumes de voyages qui restent considérablement réduits", a indiqué la plateforme dans un communiqué. Même si, localement, la saison touristique se tient correctement en France, de manière générale, les gens voyagent beaucoup moins, notamment à l’international, fond de commerce des plateformes en ligne.

Une banderille de plus qui fait plier un secteur déjà fortement impacté par un début d'année quasi inexistant. TripAdvisor avait été le premier acteur du tourisme 2.0 à subir les conséquences économiques du coronavirus. Fin avril, le site de notation de restaurants et d'hôtels avait annoncé supprimer 900 postes. Dans la foulée, Airbnb, leader mondial des locations entre particuliers, s'est séparé de 2.000 personnes. "Nous traversons collectivement la crise la plus douloureuse de notre vie", avait alors déclaré le PDG Brian Chesky.

Anticiper l'avenir du tourisme

"Si on prend uniquement les hôtels en France, on va avoir une perte de chiffres d'affaires sur l'année 2020 de l'ordre de 40 à 70%. Même si l'été n'est pas aussi catastrophique que prévu, avec une activité 10 à 20% inférieure à l'an dernier, cela va forcément avoir un impact fort sur les groupes hôteliers et les plateformes comme Booking", analyse Vanguélis Panayotis, président de MKG Consulting, cabinet spécialiste du tourisme. Et cela pourrait être long : le secteur aérien pourrait ne pas retrouver son niveau d'avant-crise avant 2024.

Le présent est donc difficile mais ces plateformes anticipent déjà l'avenir, qui s'annonce tout aussi compliqué. "Nous devons restructurer notre organisation pour qu'elle corresponde à nos attentes concernant l'avenir (de l'industrie) du voyage", a affirmé Booking. "Les attentes et les habitudes des consommateurs vont évoluer. On voit déjà qu'ils cherchent à donner du sens à leurs voyages cet été, ils vont vers plus de ruralité, d'authenticité, de patrimoine. LEs acteurs du tourisme vont devoir s'adapter", estime Vanguélis Panayotis.

Au-delà de la saison estivale, la crainte se porte à présent sur la rentrée. Car ce ne sont pas uniquement les vacanciers qui font vivre le secteur touristique : "les voyages d’affaires représentent 70% du chiffre d’affaires annuel des hôtels en France", rappelle Vanguélis Panayotis. Mais entre les pays où le virus est encore bien vivace et ceux où les prémices d’une deuxième vague se font sentir, les professionnels sont aujourd’hui incapables de dire quand l’activité retrouvera les niveaux de 2019.