Le revers sur son vaccin anti-Covid n'a pas entamé les résultats de Sanofi. Fort d'une envolée de son bénéfice net l'an dernier, le géant pharmaceutique français va gâter ses actionnaires, au risque de relancer la polémique. Alors que le laboratoire annonce des suppressions de poste, notamment dans sa branche recherche, il augmente dans le même temps la somme accordée à ses actionnaires.
Selon les syndicats, le groupe refuse cependant une augmentation des salaires. C'est ce que dénonce Humberto De Sousa, coordinateur adjoint de la CFDT chez Sanofi. "S’entendre dire qu’il n’y aura pas de revalorisation salariale, c’est difficile à entendre. On s’interroge sur la reconnaissance du travail et de l’investissement des salariés vis-à-vis de celui des actionnaires, qui est bien moins visible sur le terrain quand il faut produire des médicaments et des vaccins."
Un bénéfice en progression de près de 340%
Dopé principalement par la vente d'une grande partie de ses actions Regeneron -la biotech américaine qui a développé le traitement anti-Covid utilisé par Donald Trump-, Sanofi a gagné 12,3 milliards d'euros de bénéfice net en 2020, en progression de près de 340%.
Le groupe pharmaceutique publie ces "excellents résultats" après plusieurs journées d'action syndicale contre sa stratégie. L'an dernier, le laboratoire avait en effet annoncé 1.700 suppressions de postes, dont environ un millier en France. Selon les syndicats, près de 400 de ces suppressions auront lieu dans la recherche.
Le vaccin Sanofi attendu fin 2021
La pilule passe d'autant plus mal que Sanofi, l'un des leaders mondiaux dans le monde des vaccins, a enregistré un retard de plusieurs mois dans le développement de son principal candidat face au Covid-19. Celui-ci est désormais attendu fin 2021, soit quasiment un an après les premiers vaccins autorisés en Europe.
Mais selon l’entreprise, suspendre le dividende ou le réduire en raison de la pandémie reviendrait à fragiliser Sanofi et à réduire son attractivité. La direction a rappelé vendredi dans une note interne que les salariés français bénéficieront aussi de cette hausse du dividende, puisque 90% d’entre eux sont actionnaires du groupe. La direction ajoute que l'intéressement et la participation devraient être supérieurs à 2019.