Le Doliprane, médicament le plus vendu en France, va pouvoir passer sous contrôle du fonds d'investissement américain CD&R. Le groupe pharmaceutique Sanofi a formalisé lundi son choix de lui céder 50% de sa filiale Opella qui produit l'antalgique, une opération dans laquelle l'Etat dit avoir obtenu des garanties "extrêmement fortes". "Sanofi et CD&R sont entrés en négociations exclusives pour la cession et l'acquisition potentielles d'une participation de contrôle de 50% dans Opella", a confirmé le groupe français, en soulignant que l'offre de CD&R est "ferme et entièrement financée".
Ces informations ont entraîné l'annonce de la suspension de la grève, en cours depuis jeudi, par les syndicats CGT et CFDT de Sanofi. Sur les sites d'Opella, à Lisieux (Calvados), dédié à la fabrication du Doliprane, la grève a été prolongée jusqu'à vendredi, mais temporairement suspendue à Compiègne (Oise). Mais concrètement, que contient cet accord ?
Pérennité des sites de production
Ce dernier, signé entre Sanofi, l’Etat et le fonds américain CD&R, porte sur la pérennité des sites de production d’Opella, situés à Lisieux et à Compiègne, mais aussi sur la protection des 1.700 emplois de la filiale en France. L’accord prévoit également des sanctions financières en cas de manquement. Par exemple, 40 millions d’euros en cas d’arrêt de la production sur les deux sites français. Mais ces sanctions ne pourront pas s’appliquer éternellement. "On ne peut pas garantir qu’un emploi sera maintenu à vie. Aucune activité ne sera maintenue à vie, ça n’a pas de sens. Là, en l’occurrence, pour Sanofi, c’est normal. Les concurrents ont fait ça aussi de se recentrer sur la partie la plus porteuse de son marché", prévient Emmanuelle Auriol, économiste et spécialiste de l’industrie.
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Il y a trois ans, le concurrent américain de Sanofi, Johnson & Johnson, s’est lui-même séparé de ses médicaments sans ordonnance pour se concentrer sur des activités plus porteuses. Dans le cas qui nous intéresse pour Sanofi, l’Etat veut quand même s’assurer que la production du Doliprane ne quitte pas la France. C’est pour cette raison que Bpifrance va prendre entre un et deux % du capital d’Opella, ce qui représente une participation de 100 à 150 millions d’euros. Est-ce vraiment suffisant pour peser dans les décisions ? Certains élus en doutent.