"Ça a été un énorme soulagement. Quand on m'a dit 'C'est bon, venez', j'ai fait 'Ouf'." Devant la concession Hyundai de Chambourcy, dans les Yvelines, cette automobiliste est rassurée. Grâce au déconfinement, elle va enfin pouvoir changer ses pneus. "Je n'ai pas pu les changer pendant le confinement, parce que tout était fermé. Je n'aurais pas pu attendre plus longtemps. Ma voiture c'est mon bureau. Sans elle, je ne travaille pas", raconte-t-elle mercredi sur Europe 1.
Un retour des clients qui "donne de l'espoir"
L'heure est bel et bien à la reprise pour les concessionnaires et l'ensemble du secteur automobile. Un redémarrage cependant encore abordé de manière prudente par ses professionnels. Pour Lionel French-Keogh, directeur général de Hyundai France, le retour des clients sur place "donne de l'espoir". Mais ces derniers sont "ceux qui avaient déjà commandé avant le confinement", nuance-t-il mercredi au micro d'Europe 1."Est-ce que de nouveaux clients vont venir dans les concessions dans les prochaines semaines et les prochains mois ? C'est ça le gros enjeu."
Directeur général de l'équipementier automobile Novares, Pierre Boulet partage ce questionnement. "Le vrai challenge, ça va être la demande post-Covid. Quels vont être les Français, les Européens et les acheteurs mondiaux qui vont acquérir des voitures en septembre ou en octobre ?", s'est-il interrogé mercredi matin sur Europe 1.
La trajectoire de son entreprise pendant la crise illustre d'ailleurs que le redémarrage du secteur ne se fait pas sans mal. La holding du groupe, qui emploie 12.000 salariés dans le monde et travaille notamment pour les marques Renault, Peugeot et BMW, s'est placée récemment en redressement judiciaire. "Pour pouvoir maintenir nos relations et nos livraisons à nos clients", explique Pierre Boulet. Sur le début 2020, l'entreprise revendiquait pourtant un record historique de ses marges.
Mais "fin janvier et début février, nous avons vu l'arrêt de nos usines en Chine et l'arrêt total de notre usine à Wuhan", a expliqué le patron. "À la mi-mars, on vu l'arrêt des usines européennes et fin mars celui des usines américaines. Au milieu du mois d'avril, nous avions 40 de nos 45 usines d'arrêtées." Conséquence : un trou de trésorerie d'environ quatre millions d'euros par jour pour l'entreprise.
Des indicateurs positifs
Du côté des constructeurs, on souligne toutefois des indicateurs positifs concernant la reprise. "Le premier indicateur, c'est notre trafic internet. Aujourd'hui, on sait qu'avant d'acheter une voiture, la démarche de base c'est de commencer à se renseigner en ligne sur le produit. Et ce qu'on a mesuré sur les trois ou quatre dernières semaines, depuis l'annonce de la fin du confinement, c'est que d'une semaine à l'autre on a une croissance de notre trafic internet qui est de +20%", indique Lionel French-Keogh.
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Autre indicateur utilisé par Hyundai : le nombre de demandes d'essais de voiture. "Sur la semaine passée, on est à un niveau de demande d'essais routiers qui est équivalent à celui qu'on avait l'année dernière sur la même semaine, à 15 ou 20% près, ce qui est plutôt bien", poursuit Lionel French-Keogh. "Sur la partie après-vente, on a des ateliers qui sont déjà remplis quasiment pour les quinze prochains jours. Là, pour le coup, les gens ont pris rendez-vous en concession de manière assez massive et sans crainte." Autant d'éléments qui, pour lui, "laissent espérer une reprise raisonnable de l'activité".
Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a de son côté appelé à la mise en place de "dispositifs 'coup de fouet'" pour stimuler la demande, évoquant par exemple une prime pour les véhicules électriques et hybrides.