Étouffé par une dette colossale et menacé par le spectre d'une liquidation judiciaire, le groupe Casino entrevoit le bout du tunnel. Ce lundi, le tandem Auchan/Intermarché a annoncé, via des communiqués, être entré en "négociations exclusives" pour racheter "la totalité des magasins mis en vente" par Casino. Selon l'enseigne, en grande difficulté économique, cela représente "313 magasins" pour lesquels "l'ensemble des salariés des magasins transférés seraient repris". Ce week-end, plus de 2.000 personnes ont manifesté à Saint-Étienne, berceau de l'entreprise fondée en 1898, afin d'appeler à la sauvegarde des emplois au sein d'un groupe menacé de démantèlement.
Invité de La France bouge ce mardi, Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique du groupe Leclerc, a livré son regard sur ce qui pourrait être l'épilogue d'un long feuilleton. À la tête du leader de la grande distribution en termes de part de marché (24,6%), l'homme d'affaires suit de près cette opération qui renforcera mécaniquement deux de ses concurrents, dont Intermarché, déjà positionné sur la troisième marche du podium, derrière Carrefour. Et s'il reconnaît que l'annonce de lundi a provoqué chez lui "un petit frisson", hors de question de céder à la panique.
"Toute ma vie, il y a eu d'autres enseignes"
"La taille de la grenouille ou du bœuf, ça ne m'a jamais impressionné. Il ne faut pas avoir peur des rochers", assure le chef d'entreprise qui privilégie une approche empirique de la situation. "Toute ma vie, il y a eu d'autres enseignes", rappelle-t-il au micro d'Élisabeth Assayag.
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Michel-Edouard Leclerc refuse d'ailleurs de ne voir de concurrence qu'à travers les groupes les plus imposants. "Aujourd'hui, tout le monde est un concurrent. Le plus petit, comme Action, la plus petite expérience de distribution, je le considère comme un grand concurrent". Selon lui, la position de leader du groupe Leclerc n'autorise aucun relâchement. "Même lorsque l'on est leader, il faut rester challenger", assure-t-il. En dépit de la sérénité affichée, Michel-Edouard Leclerc reste tout de même sur ses gardes. "L'absence de peur, c'est le début de la rente, c'est le début de l'embourgeoisement. Je regarde toutes les entreprises juniors, je regarde parmi les startups. Face à l'avenir, c'est toujours un David qui terrasse Goliath", conclut-il.