Mauvaise surprise pour le gouvernement avec les chiffres de la croissance publiés vendredi matin. Les experts attendaient une progression du PIB de 0,2 à 0,3% au deuxième trimestre. Le chiffre publié vendredi affiche zéro. "Croissance zéro au deuxième trimestre en France", annonce l'INSEE dans une première estimation.
Comment expliquer la croissance zéro ? Les données dévoilées vendredi font état d'un fort ralentissement de la consommation des ménages, à +0,1% contre un bond de +0,9% enregistré au premier trimestre 2015. Les exportations, elles, enregistrent leur meilleure performance depuis 2011, avec +0,3 point. Quant à l'investissement des entreprises, il reste positif mais ralentit, à +0,2% contre +0,6% au premier trimestre. L'investissement global s'est contracté de 0,3%, toujours plombé par le secteur de la construction. La France manque de confiance pour dépenser, tant du côté des ménages que du côté des entreprises.
Consommation : météo et énergie dans la balance. Interrogé sur Europe 1, Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis, détaille le ralentissement de la consommation des ménages. "Il a fait froid au 1er trimestre avec d'importances dépenses énergétiques qu'on ne retrouve pas au T2. Au premier trimestre, les ménages ont dépensé plus en volume parce qu'il faisait froid mais, comme le prix de l'énergie a baissé, ils ont eu quelque gain de pouvoir d'achat et ont dépensé davantage. Au T2, le prix de l'énergie est remonté, cela a contraint un peu plus le pouvoir d'achat d'où une consommation plus limitée au printemps", a avancé l'économiste.
"Il faut garder le cap", dit Sapin. La "petite musique" entendue ces derniers mois laissait entendre une croissance 2015 au-delà du simple pourcent. Cette croissance zéro du T2 n'appelle pas à envisager de dépasser 1% à la fin de l'année. "Après un premier trimestre très dynamique, le niveau de l'activité se maintient. A la fin du premier semestre, l'acquis de croissance est de 0,8%, ce qui conforte notre objectif de 1% pour l'année 2015", a déclaré Michel Sapin, ministre des Finances à l'AFP. "L'accélération des exportations et le redressement de l'investissement sont bien la preuve que notre politique économique porte ses fruits et que nous avons eu raison de miser sur le soutien aux entreprises. Il faut garder le cap", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise à Reuters.
Le Premier ministre voit lui aussi le verre a moitié plein. "Je retiens que la croissance sur l'ensemble du premier semestre 2015 (...) est de +0,7%", a souligné le Premier ministre. "Nous devrions en réalité (...) dépasser ce chiffre (de 1%) et finir 2015 sur un rythme annuel de 1,5%", a poursuivi Manuel Valls. "C'est sans doute à ce niveau-là que l'on peut faire baisser le chômage", a-t-il ajouté.
Dans le même temps, l'Insee a revu à la hausse la croissance du PIB au 1er trimestre à 0,7% contre 0,6%. L'acquis de croissance pour 2015, à savoir le niveau de l'ensemble de l'année si la croissance des deux derniers trimestres était nulle, se situe à +0,8% au 30 juin.