Il n'y a pas eu d'accord, mercredi après-midi, entre le patronat et les syndicats sur la réforme de l'assurance-chômage. Comme on s'y attendait, le blocage s'est cristallisé sur le sujet des contrats courts. Le patronat refuse toute taxation, quand les syndicats en faisaient un préalable pour aborder ensuite les autres points de la négociation. Le gouvernement, comme annoncé, va donc devoir prendre la main sur ce sujet.
Il s'agit en l'occurrence de mettre en œuvre le bonus-malus promis par Emmanuel Macron. "Le dispositif est prêt, il est sur une étagère", souffle-t-on du côté du ministère du Travail. Mais il va également falloir trouver les mesures qui permettront de faire plus de trois milliards d'économies sur les trois années qui viennent, puisqu'il s'agit de l'objectif que le gouvernement avait assigné aux négociateurs du patronat et des syndicats parallèlement à la lutte contre la multiplication des contrats courts.
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Une baisse possible de certains droits des chômeurs. "Le gouvernement prendra ses responsabilités", a assuré Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Mais la situation pourrait s'avérer assez complexe, surtout s'agissant des économies, puisqu'elles pourraient passer par la baisse de certains droits des chômeurs. Il eut été commode pour l'exécutif de faire endosser cette responsabilité aux partenaires sociaux, sauf qu'ils ont quitté la table des négociations, et le contexte politique actuel, avec la grogne des "gilets jaunes", rend la tâche délicate.
"Des choses qui auraient été impossibles à tenir". C'est un échec, parce que le patronat n'a pas su proposer des choses à la hauteur des enjeux sur la lutte contre les contrats courts", estime auprès d'Europe 1 Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT. "Il y avait une voie de passage si on pouvait avoir un accord équilibré et aujourd'hui l'équilibre entre la lutte contre les contrats courts et la modification des règles d’indemnisation, c'est un milliard d'un côté et quelques millions de l'autre. Ça ne peut pas marcher", déplore-t-elle.
"On s'est retrouvé dans une situation où chacun faisait des propositions qui ne pouvaient pas correspondre à la demande de ceux qui étaient en face", rapporte de son côté Patrick Liebus, vice-président et négociateur de l'organisation patronale U2P. "Ce qui se passe dans la rue a pu perturber les objectifs qui avaient été donnés, mais il ne faut pas nous demander à nous d'accepter des choses qui auraient été impossibles à tenir, simplement pour faire plaisir aux uns et aux autres."
Faire le "sale boulot". Le paritarisme en a pris un coup, avoue plusieurs négociateurs. Cela dit, la situation n'est pas complètement inédite. Déjà en 1983, en l'absence d'accord entre le patronat et les syndicats, le gouvernement de Pierre Mauroy avait repris la main pour faire le "sale boulot", et au bout de 18 mois, syndicats et patronat étaient finalement revenus.