Pour attirer plus de talents étrangers et répondre aux besoins du marché du travail, la France doit "moderniser et améliorer" son organisation de l'immigration professionnelle, estime l'OCDE lundi, dans un rapport s'agaçant de l'opposition entre "migrants économiques" et "réfugiés". En France, l'immigration professionnelle de non-Européens "reste faible" en comparaison internationale : elle représentait en 2016 seulement 16% de l'ensemble des titres de séjour délivrés, rappelle l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) dans son rapport sur "le recrutement des travailleurs immigrés en France".
"Attirer les talents étrangers". On est sur des niveaux deux fois plus bas que l'immigration familiale et "deux à quatre fois moins" élevés que les Européens venant travailler en France, selon l'OCDE, qui rappelle "l'impact positif" sur l'économie que peut avoir "une immigration bien gérée". "La France devrait moderniser et renforcer le pilotage de l'immigration professionnelle pour attirer les talents étrangers et mieux répondre aux besoins du marché du travail", estime donc le rapport, en prenant plusieurs exemples. Les sans-papiers tout d'abord : chaque année, plusieurs milliers d'entre eux, travaillant dans la construction ou la restauration notamment, sont régularisés "pour motif économique" (5.000 en 2015, 6.400 en 2016). Dans ces secteurs, les emplois sont perçus comme "peu attractifs", mais il est difficile de recruter des étrangers à cause des procédures administratives.
Différences de traitement selon les régions. Pour l'OCDE, il faut améliorer les outils ajustant l'offre et la demande de travail. Il est ainsi "crucial" d'actualiser la liste des métiers "en tension" (qui ne trouvent pas de professionnels pour les assurer), inchangée depuis 2008, et où seuls "15% seraient encore en tension" aujourd'hui. Le rapport s'inquiète également du "traitement excessivement discrétionnaire" des demandes d'autorisation de travail, aboutissant à une "grande hétérogénéité" selon les régions - notamment pour l'immigration saisonnière. L'OCDE appelle à "rendre les procédures plus transparentes", à donner "très rapidement" un premier avis aux employeurs, et à affecter assez d'agents à ces tâches.