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avec AFP // Crédit photo : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Le trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari a jeté l'éponge dimanche dans le cadre du processus de la reprise de la chaine de supermarché Casino. Les investisseurs s'estiment avoir été trahis par le "process biaisé", estimant que Casino "a visiblement déjà choisi son repreneur". Désormais, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a le champ libre. 

S'estimant trahi par un processus "biaisé" de reprise de Casino, le trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari a jeté l'éponge dimanche et laissé le champ libre à Daniel Kretinsky, à dix jours d'une échéance capitale pour l'enseigne qui croule sous les dettes. 3F, la holding par laquelle le trio comptait reprendre Casino, dénonce un "process biaisé", estimant que Casino "a visiblement déjà choisi son repreneur".

En cause, un manque allégué de coopération et de transparence sur la situation financière de Casino, notamment sur "les besoins de liquidité" et les résultat attendus d'ici à la fin de l'année, mais aussi la trahison imputée à l'un des créanciers avec lequel le trio avait construit son tour de table. 3F accuse le fonds d'investissement Attestor d'avoir contribué à l'offre concurrente "tout en continuant à participer" à ses propres réunions.

Après cet abandon, ne reste donc plus qu'une seule offre, celle du duo de milliardaires composé par le Tchèque Daniel Kretinsky et le financier français Marc Ladreit de Lacharrière. L'offre de ces derniers a été "un peu modifiée" afin de s'assurer du soutien de davantage de créanciers de Casino, a indiqué dimanche le milliardaire Tchèque au journal Les Echos dans une interview publiée quelques minutes à peine après l'annonce de 3F.

Naouri écarté

La décision sur le repreneur devrait être "prise rapidement" alors que le mur de la dette se rapproche, a toutefois averti M. Kretinsky. Casino a jusqu'au 27 juillet pour trouver un accord de principe avec ses principaux créanciers sur son écrasant endettement, annoncé à 6,4 milliards d'euros à fin 2022. La direction et les créanciers de Casino, qui sont de grandes banques françaises et européennes, des fonds d'investissements et des acteurs institutionnels, doivent examiner l'offre lundi.

Le plan prévoit désormais l'injection de 1,2 milliard d'euros d'argent frais dont plus de 900 millions d'euros émanant du duo, contre 1,35 milliard dans la proposition initiale. Le milliardaire Tchèque a aussi fermé la porte au patron historique de Casino, Jean-Charles Naouri, actuel propriétaire du groupe mais qui ne le sera plus au terme de l'opération, quel qu'en soit le dénouement.

"Si nous devenons actionnaires majoritaires, il est clair que la société ne pourra pas être dirigée par Jean-Charles, malgré tout mon respect pour lui", a-t-il déclaré aux Echos. Francophile, Kretinsky, 48 ans et dont la fortune s'élève à 9,7 milliards de dollars (environ 8,6 milliards d'euros) selon Forbes, a commencé à investir en France en 2018. Il détient des participations dans des médias (Libération, Marianne...), la distribution (Fnac Darty), l'édition (Editis, accord conclu en juin) et l'industrie (essentiellement dans l'énergie).

Baisse du chiffre d'affaires

Le trio Niel-Pigasse-Zouari a aussi regretté dans son communiqué une "situation financière plus dégradée que prévue" de Casino, qui compte 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France. Casino avait lui-même annoncé le 12 juillet que son chiffre d'affaires pour le deuxième trimestre serait en forte baisse. Les deux offres concurrentes s'accordaient sur le fait que la reprise de l'activité devrait passer par une baisse des prix en rayons, un gros travail sur l'offre commerciale et le développement de partenariats.

Le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière n'envisage ni cession des hypermarchés ni cession du commerçant en ligne CDiscount, selon son entourage. "Il est inimaginable de fermer le siège de Saint-Etienne", son berceau historique, a répété M. Kretinsky dans son interview aux Echos. En juin, les représentants des salariés avaient initié un "droit d'alerte économique" pour obtenir davantage d'informations sur la situation financière du groupe tout en étant préoccupés par la cession de 119 magasins Casino à Intermarché.

"On est rassuré que le trio Niel-Pigasse-Zouari se retire car on ne voulait pas de fonds d'investissement vautour. Le projet de Kretinsky est séduisant sur le papier, mais on reste vigilant sur sa faisabilité", a déclaré à l'AFP Thomas Meyer, délégué syndical Unsa du groupe Casino. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait indiqué le 11 juillet que l'Etat veillerait à "la solidité du projet industriel" et à l'avenir des 50.000 salariés du groupe" en France.