"Les candidats voient le secteur privé comme une source de financement par les recettes fiscales", déplore la présidente du jury de l'ENA

ENA - Ecole nationale d'administration 1:49
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Céline Brégand
Première présidente du jury de l'ENA issue du secteur privé en 2019, Isabel Marey-Semper a constaté que les candidats à l'ENA connaissent peu la vie des entreprises. Un constat "révélateur du manque de compréhension du secteur privé en France", comme elle l'explique sur Europe 1 mercredi.
INTERVIEW

En 2019, Isabel Marey-Semper​ devenait la première femme issue du secteur privé à présider le jury de l'ENA (École Nationale d'Administration). Membre de conseils d'administrations d'entreprises privées, la non-énarque est passée par L'Oréal, Saint-Gobain, ou encore PSA Peugeot Citroën. Et au cours de son expérience comme présidente du jury de l'ENA, elle s'est aperçue que les candidats au concours avaient peu de connaissance du secteur privé, ce qu'elle a fait remarquer dans le rapport qu'elle a remis à Edouard Philippe. "C'est révélateur car il y a un manque de compréhension du secteur privé et en France, on oppose beaucoup le public et le privé", constate-t-elle sur Europe 1 mercredi. 

Au cours de ces longs mois de concours comme présidente du jury, Isabel Marey-Semper​ a vu plus de 200 candidats. Si elle a pu observer des jeunes gens "excellents en droit public, finance publique, économie, macro économie…", elle a été surprise de constater qu' "ils voient surtout le secteur privé comme une source de financement de l'action publique par les recettes fiscales".   

"Il est important d'être formé au préalable au secteur privé avant d'entrer à l'ENA"

"Je l'ai dit à la promotion que j'ai reçue début décembre. Ils ont pris ça très au sérieux", note-t-elle. Il est important que les futurs énarques "soient formés au préalable au secteur privé, avant d'entrer à l'ENA", souligne-t-elle. Selon Isabel Marey-Semper​, ce manque de connaissances du secteur privé s'inscrit dans le cadre d'un "manque de culture économique et industriel" en France. 

"Je leur ai dit que leur mission était de réconcilier le privé et le public. Car on est dans une République sociale et un fort pourcentage du PIB est consacré à cela. En revanche on ne peut pas, à périmètre constant, redistribuer ou augmenter les impôts", ajout-t-elle. Selon elle, c'est donc ces futurs hauts fonctionnaires doivent "créer l'activité, la croissance" et toujours "réfléchir à l'impact économique" lorsqu'ils prennent des décisions et donc "inclure le secteur privé et la société civile". "Il faut penser de manière globale et intégrale", insiste Isabel Marey-Semper​.