Ils étaient près de 130 à faire le voyage et dans l'ensemble ils ne le regrettent pas. Après quatre jours en Iran, la délégation de chefs d’entreprises françaises emmenés le Medef tire un bilan positif de ce voyage. Même si la concurrence sera rude pour s’implanter sur ce marché de près de 78 millions d’habitants.
Une prise de contact utile. Ce voyage organisé aura au moins servi à une chose : renouer le contact après des années d’embargo. Voire plus puisque des accords ont été signés dans l’agriculture, dans la formation, dans l’industrie, etc.
"Le bilan est très positif puisque nous avons pu rencontrer et débloquer des contacts au sein du groupe que nous visions. Nous avons déjà signé des accords de confidentialité. Donc, probablement d’ici janvier 2016, nous aurons commencé à envoyer certaines de nos pièces sur le sol iranien", détaille au micro d’Europe 1 Jacques-Omer Lescot, qui représente un fabricant de pièces de métal pour l’aéronautique.
Un Etat aux besoins immenses. Ce voyage a aussi permis de mieux voir ce dont l’Iran avait besoin, et il y a de quoi faire. Téhéran a formulé ce qui ressemble presque à une liste de courses : 400 avions de ligne, 4.000 km de voies ferrées, 7.000 bus. Autant de contrats potentiels pour Airbus, Alstom ou Peugeot. Il faudra néanmoins rivaliser avec les concurrents chinois, américains ou allemands mais on a vu des hommes d’affaires iraniens faire la queue, ne serait-ce que pour donner une carte de visite à ces entreprises françaises.
Un Etat méconnu des entreprises françaises. Au-delà des contrats, ce voyage a montré aux patrons français la réalité de l’Iran. "J’avais une image de l’Iran à travers les médias et en venant ici on s’aperçoit qu’il y a une vraie culture informatique. C’est quand même impressionnant de voir ce qu’ils ont fait malgré les sanctions. Ils se sont débrouillés avec peu de choses. Après, en termes de technicité, il y a un bon niveau de technique. Pour moi, c’est une bonne entrée en matière", résume pour Europe 1 Ludovic Le Moan, patron d’une société de réseau mobile.
Attention, s'implanter en Iran "sera dur". "Il ne faut pas se leurrer, ce sera dur, ce n'est pas acquis", a néanmoins prévenu Yves-Thibault de Silguy, vice-président du Medef. Selon lui, cette mission organisée par l’Iran "est une étape dans un processus de retour après une forte contraction (...) des échanges et de la présence" française en Iran. En effet, la France a vu ses échanges avec ce pays s'effondrer, de 4 milliards d'euros en 2004 à 500 millions en 2013, sous l'effet des sanctions internationales imposées à Téhéran depuis 2006 en raison de son programme nucléaire controversé.
Pour remonter la pente, il reste maintenant à attendre que les sanctions soient vraiment levées, probablement début 2016. D’ici-là, les discussions vont continuer, avec notamment la visite en France du président iranien dans moins de deux mois.