Pourquoi la Cour des comptes épingle la gestion interne de pôle Emploi
Dans un rapport publié jeudi, la Cour des comptes pointe des manquements dans la gestion interne de Pôle Emploi, notamment en termes d’absentéisme, de moyens accordés au dialogue social et de rémunérations de ses cadres.
Pas tendre, la Cour des comptes , avec Pôle emploi ! Dans un rapport publié jeudi, les magistrats de la rue Cambon reconnaissent l’effort de transformation qui a été engagé pour accompagner les chômeurs, mais formulent de vives critiques sur la gestion interne de l’organisme. Il y a, c’est vrai, ce bon point adressé par la Cour : "Pôle emploi, qui doit gérer un public de masse et personnaliser le service rendu, a mené des réorganisations internes importantes, modifiant l’accueil en agence, et faisant évoluer le métier de conseiller", reconnaît le rapport.
Mais dans les chapitres qui suivent, le jugement est beaucoup moins flatteur. En particulier sur le fonctionnement interne. Le rapport pointe du doigt la progression continue du taux d’absentéisme qui atteignait fin 2018 22 jours par an en moyenne par salarié. Et au-delà, disent les magistrats, ce qui frappe, c’est la "perte significative de potentiel de travail". Par exemple, le temps de travail des conseillers est inférieur de 2,5% à la durée annuelle légale. Quant aux moyens humains consacrés par Pôle Emploi au dialogue social interne, ils représentent là encore 2,5% des effectifs. C’est trop, dit la Cour. Il faut les ramener à un niveau acceptable
"Ça ne rime pas à grand-chose de nous comparer avec le secteur privé"
La Cour juge également contestables certaines pratiques de gestion des cadres dirigeants : des augmentations de salaire très élevées, des primes de mobilité qui peuvent dépasser 19.000 euros, une attribution généreuse de voitures de fonction.
Jean Bassères, le directeur général de Pôle Emploi, se défend point par point. Sur l’absentéisme, "ça ne rime pas à grand-chose de nous comparer avec le secteur privé", dit-il. "Il serait plus cohérent de regarder la situation dans les autres grands opérateurs sociaux qui reçoivent du public". Quant aux fortes augmentations des cadres dirigeants, "je ne connais pas d’organisme public ou privé dans lequel la rémunération d’une personne ne progresse pas significativement quand son champ de responsabilité double ou triple", répond le haut fonctionnaire.