Qui aura désormais droit aux aides à la transition énergétique ? Le débat est sur le point d'être définitivement tranché. La concertation entre le gouvernement et les acteurs du secteur de la rénovation énergétique s'achève vendredi, entérinant la "simplification" des dispositifs existants. Mais celle-ci est loin de faire l'unanimité.
"Pas les moyens de nos ambitions"
Concrètement, à partir du 1er janvier 2020, un particulier refaisant l'isolation de sa maison touchera une prime dont le montant dépendra de ses revenus et de sa situation familiale. Le système, à première vue plus simple que le crédit d'impôt transition énergétique, exclut de fait les foyers les plus aisés. Et si le gouvernement affirme vouloir recentrer le dispositif sur les ménages modestes, les professionnels dénoncent, eux, une réduction drastique de l'enveloppe allouée.
"Ce n'est pas un tout petit coup de rabot", s'agace ainsi Jacques Chanut, président de la fédération française du bâtiment. "On parle d'1,8 milliard qui était consacré au crédit d'impôt transition énergétique, [et qui passera] à 300 ou 400 millions l'année prochaine. On comprend bien qu'il peut y avoir des problèmes budgétaires dans notre pays, mais il faut essayer d'être peut-être moins moralisateurs dans le discours tant qu'on ne s'est pas donné les moyens de nos ambitions..."
"On pense que c'est sévère"
"La transition énergétique ne peut se faire sans les Français les plus aisés car ce sont eux les propriétaires des logements", enrage un autre acteur du secteur, qui dénonce par ailleurs un système d'aides basé sur une multitude de critères, et donc encore plus compliqué à comprendre que le précédent. "C'est un changement majeur pour tous les Français", renchérit Nicolas Moulin, PDG de PrimesEnergie.fr, spécialiste de l'accompagnement et du financement de la rénovation énergétique, pour qui priver une partie des ménages d'aides revient à se tirer une balle dans le pied.
"Ces montants, nous souhaitons qu'ils soient les plus élevés possibles, pour qu'ils soient les plus incitatifs possibles et qu'ils favorisent votre rénovation énergétique", détaille le PDG. "Aujourd'hui le crédit d'impôt finançait la rénovation énergétique de tous les Français. Demain, il y a un certain nombre de Français qui n'auront plus rien. On pense que c'est sévère."