Bercy s'attaque à un gros morceau : les aides sociales, et veut aller vite. Le gouvernement planche en effet sur une réduction de ce poste très important des dépenses publiques, comme l'a laissé entendre Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, invité dimanche d'Europe 1. Selon nos informations, ces coupes seront faites dans le budget 2019, examiné à l'automne prochain.
Une réduction jugée légitime. La logique est la suivante : avec la reprise des créations d'emplois et la politique menée pour doper la formation et l'apprentissage, il peut être légitime, estime le ministre, de réduire ces aides, qui représentent la moitié de la dépense publique. "Il y a des inégalités importantes et nous les compensons par des aides sociales toujours plus élevées. Nous voulons rompre avec ça et traiter ces inégalités à la racine, en formant mieux, en qualifiant mieux, en donnant des emplois. C’est ce que nous avons commencé à faire. Ça nous autorise ensuite à réduire le montant des aides sociales qui sont distribuées pour compenser ces inégalités", a ainsi plaidé le ministre sur notre antenne.
La prime d'activité dans le viseur de Bercy. À ce stade, Bruno Le Maire parle d'économies possibles dans le domaine de la politique de l'emploi. Pour les détails, il faudra encore attendre. Mais selon une source proche de Bercy, la prime d'activité pourrait être concernée. Elle a l'inconvénient - pour les finances publiques - d'être dopée quand le chômage baisse.
Une réforme des allocations adultes handicapés. Le gouvernement réfléchit aussi aux moyens de rendre plus efficace le RSA activité qui aujourd'hui n'atteint pas vraiment l'objectif visée, à savoir : retrouver un emploi. Enfin, les allocations adultes handicapés pourraient être aussi dans le viseur du ministère, avec l'idée d'une révision des critères d'attribution.
Des économies sur le dos des plus fragiles ? Une série de pistes qui provoquent déjà la colère de l'opposition de gauche, qui dénonce une politique à l'encontre de la solidarité nationale. "Quand l'emploi repart, ce n'est pas les premiers qui ont été touchés par la crise qu'il faut abandonner. Il faut, au contraire, renforcer les outils", estime auprès d'Europe 1 Boris Vallaud, député et porte-parole du Parti socialiste. "Comme Bruno Le Maire n'a pas fait d'économies la première année - il a plutôt fait des dépenses pour les plus riches -, il va les faire maintenant sur les classes moyennes et populaires", tacle-t-il. "Que va faire ce gouvernement pour les moins qualifiés ? Pour les personnes en situation de handicap ? Voilà les vraies questions qui sont posées aujourd'hui".