C’est le chantier qui figure tout en haut de la feuille de route du nouveau Premier Ministre : le niveau de vie des Français et leur pouvoir d’achat. Michel Barnier l’a martelé à plusieurs reprises depuis sa nomination à Matignon : il faut que le travail paie mieux ! Objectif que s’était déjà fixé Gabriel Attal avant lui, en voulant "désmicardiser" la société. Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, Michel Barnier a dévoilé les premières mesures de son plan pour permettre aux Français de vivre "dignement" de leur travail, et face à ces orientations, les entreprises sont plutôt mitigées.
Toutes d’abord ont salué la volonté affichée du Premier Ministre de réduire le déficit public, condition sine quoi none du soutien à l’économie, et donc au travail. "Le cadre a été bien défini du discours, en disant que la priorité désormais, c'était le redressement des finances publiques", partage aussi Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. De son côté, la présidente de Croissance Plus, Audrey Louail, partage son soulagement : "J’ai été soulagée de la place faite aux ETI et PME françaises dans le discours, et la volonté manifeste du Premier Ministre de protéger ceux qui produisent selon ses propres mots".
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Hausse du SMIC et hausse du coût du travail dans les TPE
Mais l’enthousiasme a vite laissé place aux interrogations, même à l’agacement pour certaines entreprises face à la revalorisation du SMIC de 2% dès le premier novembre. Alors que les défaillances d’entreprises explosent déjà chez les TPE, cette hausse ne passe pas du tout pour Marc Sanchez, le secrétaire général du syndicat des Indépendants. "Il faut savoir qu’elle fait suite déjà d’une augmentation du SMIC de 14% sur les deux dernières années, et donc qu’elle va encore alourdir la charge salariale de nos TPE".
Attention à la remise en cause des allègements de charge
Autre source de réserve côté employeurs : l’idée de toucher au fameux dispositif d’allègements de charges, une piste déjà explorée par son prédécesseur et reprise à son compte par Michel Barnier. Aujourd’hui, ce dispositif permet aux rémunérations les plus basses d’être parfois totalement exonérées de charges, ce qui limiterait, selon le Premier Ministre, la progression des salaires.
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Pour le moment, les contours de ce projet n’ont pas été dévoilés. Mais la CPME rappelle dans un communiqué "son opposition farouche à toute augmentation du coût du travail que constituerait une remise en cause des allègements de charges". Attention aux effets de bord d’une telle réforme si elle était mise en place, prévient François Asselin, son président : "Il va y avoir des vases communicants : il faudra accepter que pour certains niveaux de salaire il y ait plus de charges, et un petit peu moins pour d’autres niveaux de salaire".
Une dernière piste avancée par Michel Barnier fait cette fois-ci davantage consensus au sein des entreprises : celle d’une relance de la participation, de l’intéressement et de l’actionnariat salarié. Une vision du partage de la valeur totalement soutenue par les employeurs.