Financer les nouvelles priorités et poursuivre les baisses d'impôt malgré une croissance encore poussive : le gouvernement va tenter mercredi de convaincre de son "sérieux budgétaire", en dévoilant à sept mois de la présidentielle son projet de budget pour 2017. Ce projet de loi de finances (PLF) 2017 sera présenté en conseil des ministres, avant d'être débattu durant l'automne au parlement.
Un manque de prudence estime Didier Migaud. Mauvaise nouvelle pour l'exécutif, le Haut conseil des finances publiques (HCFP), chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires, a égratigné le PLF dans un avis qui sera publié officiellement mercredi mais que l'AFP a pu se procurer. Selon cet organisme présidé par le patron de la Cour des Comptes Didier Migaud, et composé d'économistes et experts des finances publiques, l'hypothèse de croissance de 1,5% en 2017 "cumule un certain nombre d'hypothèses favorables" et "tend à s'écarter du principe de prudence". Plusieurs organisations internationales ont récemment revu à la baisse leur hypothèse de croissance en France pour 2017, à l'image de l'OCDE, qui table désormais sur une hausse du PIB de 1,3%, ou bien du FMI, qui table sur 1,2% seulement.
Des baisses d'impôts et un train de mesures. De fait, le retour du déficit public à 2,7% du PIB l'an prochain, est "improbable", ajoute le Haut conseil, qui pointe les risques de dérapages du côté des dépenses. Pour tenir cet objectif, les hauts fonctionnaires de Bercy ont dû faire preuve d'imagination. Le projet de budget 2017 prévoit en effet une baisse de l'impôt sur le revenu d'un milliard d'euros. Ce geste s'ajoutera à un nouveau train de mesures en faveur des entreprises. Des mesures auxquelles s'ajouteront les nouvelles dépenses promises par François Hollande en faveur de l'emploi, des agriculteurs, de l'éducation nationale ou encore de la sécurité. Au total, le coût de ces mesures pour les finances publiques est évalué par Bercy à 14 milliards d'euros, dont 5,7 milliards pour le seul périmètre de l'État.
Tour de passe-passe entre 2017 et 2018. Pour les compenser, Bercy prévoit des efforts supplémentaires du côté de la Sécu (1,5 milliard d'euros), mais aussi de nouvelles économies sur les charges d'intérêt (1,2 milliard) et des rentrées d'argent plus fortes que prévu dans la lutte contre la fraude fiscale. Le ministère mise également sur des astuces fiscales. Le recours au CICE pour remplacer la suppression de la C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés) initialement prévue, permettra ainsi à l'État d'économiser 3,3 milliards d'euros, les crédits d'impôt pour l'année 2017 étant dus...en 2018. Le montant du dernier acompte de l'impôt sur les sociétés, versé en décembre, sera quant à lui augmenté pour les grandes entreprises. Cela permettra de faire glisser sur 2017 près de 400 millions d'euros qui auraient normalement dû être touchés l'année suivante.