Le trafic ferroviaire va-t-il encore connaître des perturbations tout l'été ? Et pendant les épreuves du Baccalauréat ? La question reste entière à la veille d'une réunion tripartite entre les syndicats, l'Etat et la direction de la SNCF prévue vendredi. Toute la semaine, les organisations syndicales se sont en effet déchirées sur la conduite à tenir. Et l'appel conjoint à la poursuite du mouvement social, lancé mercredi après une houleuse réunion, ne permet pas de masquer la fragilité de leur union.
Une fin de grève espérée par la direction. En effet, cette semaine, le projet de loi de la réforme ferroviaire tel qu'amendé par le Sénat a été validé en commission mixte paritaire (l'organe composé de députés et de sénateurs qui se réunit lorsque les deux chambres du Parlement n'ont pas adopté la même version de la loi). Or, cette version du texte comportait plusieurs modifications souhaitées par l'Unsa et la CFDT, respectivement deuxième et quatrième syndicat de la SNCF. Du côté du gouvernement comme de la direction du groupe, on espérait donc que les deux organisations annoncent la fin du mouvement.
Les réformistes se divisent. C'est d'ailleurs ce qu'a semblé faire la CFDT en début de semaine. Mardi, la confédération a appelé à suspendre le conflit pendant les épreuves du baccalauréat. Se disant "en colère et mobilisée, mais aussi responsable", la CFDT a déclaré vouloir "faciliter les déplacements" des candidats à l'examen. Mais cette décision unilatérale n'a du tout plu à l'Unsa. Pourtant, les deux syndicats sont d'accord sur le fond, et la deuxième organisation représentative de la SNCF avait elle aussi proposé, la semaine dernière, de "mettre la grève entre parenthèses" pendant le bac. C'est donc la méthode, "hors concertation" et "susceptible de faire éclater l'unité syndicale", selon les mots de son secrétaire général Roger Dillenseger, qui a provoqué la colère de l'Unsa.
Ambiance tendue. Mercredi, l'ambiance était donc très tendue lors de deux réunions intersyndicales, la première avec la CGT, l'Unsa et la CFDT mais sans SUD-Rail, la seconde en sa présence. Ce syndicat a d'ailleurs très mal pris d'être évincé en premier lieu, y voyant une tentative de briser l'union syndicale. Et plusieurs dizaines de cheminots, dont certains issus des rangs de SUD-Rail, ont perturbé la première réunion, entraînant l'intervention des CRS.
Poursuite de la grève. Finalement, tous sont ressortis avec un même mot d'ordre et les mêmes dates de débrayage : les dimanche 17 et lundi 18 juin, puis les vendredi 22 et samedi 23 juin. Insuffisant, néanmoins, pour masquer les divisions qui se font jour et pourraient signer l'arrêt de la grève à la fin du mois. Outre celles entre l'Unsa et la CFDT, réformistes toutes les deux, la CGT et SUD-Rail sont, eux aussi, dans une sorte de course à qui sera le plus jusqu'au-boutiste. "Comme à chaque mouvement social, la CGT a peur de se faire doubler sur sa gauche", estime-t-on en interne dans les colonnes du Parisien. "Et SUD-Rail a beau jeu de crier que la CGT est trop molle." Car au-delà de la grève, les organisations syndicales ont aussi les yeux rivés sur une autre échéance : les élections professionnelles à la SNCF, prévues à l'automne.