Les 28 ministres des Finances de l'UE, réunis à Bruxelles, sont parvenus vendredi à surmonter leurs divergences sur des mesures destinées à réduire les risques dans le secteur bancaire après plusieurs mois de discussion. "L'Europe a besoin d'un secteur bancaire fort et diversifié pour financer l'économie. L'accord conclu aujourd'hui au Conseil constitue un pas important vers cet objectif", s'est félicité le commissaire européen à la Stabilité financière Valdis Dombrovskis. "Cela jette les bases de nouveaux progrès en vue de l'achèvement de l'Union bancaire", a-t-il ajouté.
Abstention de la Grèce et de l'Italie. Vingt-six pays ont voté en faveur de ce compromis et deux se sont abstenus : l'Italie, dont le gouvernement n'est pas encore constitué, et la Grèce. Cet accord vise à mettre à jour des règles approuvées par l'UE pendant et après la crise financière en matière prudentielle et de résolution bancaire. Les Etats membres vont maintenant pouvoir démarrer les négociations sur la question avec le Parlement européen, qui n'a pas encore arrêté sa position.
"Offrir encore plus de sécurité aux épargnants". Cet accord "marque une étape cruciale pour faire du secteur bancaire européen le plus robuste et le plus stable du monde et ainsi offrir encore plus de sécurité aux épargnants", s'est réjoui le ministre français des Finances Bruno Le Maire. Son homologue allemand Olaf Scholz avait pour sa part jugé la proposition "équilibrée" lors du débat public. Le sujet a longtemps divisé les Etats membres entre eux. Emmené par l'Allemagne, un premier bloc de pays, ceux du Nord, avaient des exigences élevées en matière de réduction des risques, tandis que ceux du Sud craignaient que si l'on poussait trop loin ces mesures, cela ne tue leurs banques.
Vers un système européen de garantie des dépôts ? Les Européens espèrent maintenant avancer sur une mutualisation du risque bancaire, un point sur lequel les Allemands rechignent à avancer car ils craignent de devoir payer, en cas de faillite bancaire, pour les banques du sud - en particulier les italiennes - qu'ils estiment mal gérées. Il s'agirait notamment d'avancer sur un système européen de garantie des dépôts (Edis) et la mise en place d'un filet de sécurité (ou "backstop") au sein du Mécanisme européen de stabilité (MES), créé par les Etats membres pendant la crise financière pour aider les pays en difficulté.
Ce "backstop" consiste à rendre possible la mobilisation d'argent public, mais en dernier recours, si une banque rencontre de lourdes difficultés financières. Des avancées sur ces deux sujets sont attendues en juin dans le cadre du travail sur l'approfondissement de la zone euro.