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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Faut-il encadrer et subventionner le prix des Kebabs ? Un débat surprenant qui enflamme la classe politique allemande autour de ces sandwichs turcs qui sont devenus un quasi-plat national en Allemagne.

Le parti d’extrême gauche allemand, Die Linke, a lancé une proposition choc. Il demande un plafonnement du prix des Kebab à 4.90 euros. Ils proposent même un tarif réduit à 2,90 euros pour les plus défavorisés. Ll’Etat compenserait  ce qu’on appelle la Kebabpreisbremse, littéralement le “ coup de frein sur le prix du kebab”.

Pourquoi ce “Kebapreisbremse”?

Parce que le pays subit une “Donerflation”(l’Allemand a une passion pour la création de mots) : une inflation sur le prix du doner kebab. Les prix ont plus que doublé en deux ans. Il n’est plus rare de payer 7 euros pour un Kebab à Berlin. Logique : tous ses composants ont flambé depuis la guerre en Ukraine. Les matières premières alimentaires, les loyers... Et aussi l’énergie. Eh oui, l’Allemagne paie le prix de ses choix énergétiques hasardeux.  L’inflation alimentaire est devenue une question explosive en Allemagne, et ça ne se calme pas. Le Kebab, un plat populaire, pas cher, est pris en sandwich entre toutes ces inflations. C’est un sujet social chaud, parce que les plus touchés sont les plus modestes

C’est une bonne idée, cette idée de gel du prix des Kebab ?

Laissons de côté le débat de santé publique et le débat écologique. Subventionner un plat gras et salé, à base de viande, ça pourrait faire grincer les dents des médecins et des écolos.
Economiquement, on sait que les mesures de contrôle des prix des produits de grande consommation produisent systématiquement des effets pervers. Rappelez-vous, la Hongrie, en 2023. Un cas d’école... Pour lutter contre l’inflation, le Gouvernement avait bloqué les prix de produits de base. Producteurs et distributeurs avaient compensé en relevant les prix de tous les autres produits. Explosion d’inflation.

On peut déjà prédire ce qui se passera si l’Etat allemand compense la différence entre le prix de vente et le coût de revient du kebab : une flambée des coûts de la sauce, des frites, des oignons, de la viande, du pain, par effet d’aubaine. C’est pas cher, c’est l’Etat qui paie.

Même si cette idée allait au bout, ce serait difficile à mettre en place.

Ca ressemble à une de ces usines à gaz qu’on pourrait imaginer en France. Imaginez : demander aux vendeurs de Kebab, qui opèrent parfois dans la rue, ou dans des caravanes de tenir un registre des ventes à plein tarif et à tarif réduit des sandwichs, pour obtenir un remboursement de l’Etat.  Sans parler du coût. Les Allemands en mangent 1.3 milliard de kebabs par an, c’est un marché à 7 milliards d’euros. La subvention, calculée par die Linke, reviendrait à 4 milliards par an. Le budget allemand, qui est en pleine chasse aux économies, ne peut pas se le permettre.