Très critique des abus et dysfonctionnements du principal fichier de la police, l'ancien commandant Philippe Pichon doit comparaître mardi à Paris pour avoir divulgué à la presse en 2008 les fiches de Jamel Debbouze et Johnny Hallyday.
Estimant qu'il convient d'attendre l'issue des investigations concernant les conditions controversées de l'enquête administrative dont il a fait l'objet, l'ancien policier de 43 ans qui a été mis à la retraite d'office, va demander au tribunal correctionnel de reporter son procès. En poste à Coulommiers, en Seine-et-Marne, à l'époque des faits, Philippe Pichon assume avoir transmis à un journaliste les fiches de Jamel Debbouze et Johnny Hallyday, publiées par le site Bakchich dans un article intitulé "Tous fichés, même les potes de Nicolas Sarkozy".
Ni l'humoriste ni le chanteur ne sont parties civiles, ils n'ont invoqué aucune atteinte à la vie privée, certains éléments de leurs fiches n'ayant pas été publiés. En revanche, l'Etat, invoquant une atteinte à l'image de la police, s'est constitué partie civile et réclame 4.000 euros de dommages et intérêts, selon son avocat, Me Cyril Mayoux.
Philippe Pichon a toujours argué que cette divulgation était un "geste citoyen" pour dénoncer les dangers du Système de traitement des infractions constatées (Stic), qui comprend "40% d'erreurs". Il avait décidé d'agir ainsi après avoir vainement alerté sa hiérarchie et même le parquet de Meaux sur des dysfonctionnements liés au Stic. Il lui est également reproché d'avoir consulté des fiches dans le cadre d'une affaire personnelle, une "simple curiosité déplacée", a-t-il expliqué à l'AFP, qui relève selon lui de la "faute administrative", mais pas au delà.
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L'ancien policier est poursuivi pour détournement d'informations confidentielles, violation du secret professionnel et accès frauduleux au système en dehors de toute demande, et encourt cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende. Son avocat Me William Bourdon, qui dénonce des "irrégularités extrêmement lourdes dans toute la procédure", plaidera la nullité de celle-ci ainsi que la relaxe de son client.
Selon la défense de Philippe Pichon, des éléments de l'enquête pénale contre lui ont été illégalement utilisés dans la procédure administrative qui a conduit à sa mise à la retraite d'office, qu'il va désormais contester devant le Conseil d'Etat. A la suite de plaintes qu'il a déposées pour "faux en écritures publiques" par personnes dépositaires de l'autorité publique et violation du secret de l'enquête et de l'instruction, la justice enquête et deux policiers ont été entendus sous le statut de témoin assisté mi-avril dernier.
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