Corinne Hermann, avocate "cold case" : "le dossier Estelle Mouzin est assez inactif"

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Caroline Roux avec C.C. , modifié à
Estelle Mouzin, disparus de l'Yonne... Corinne Hermann, avocate et criminologue, a fait du "cold case" sa spécialité. Rencontre avec Caroline Roux. 
INTERVIEW

Treize ans après la disparition non résolue d'Estelle Mouzin, Corinne Hermann, avocate-criminologue spécialisée dans les affaires criminelles non classées, s'intéresse de près à cette affaire non résolue, et à d'autres. Disparitions, meurtres non élucidés, elle reprend tout à zéro, et essaye d'apporter des éléments de réponse à ces "cold cases". "Je regrette qu'on n'étudie pas mieux les criminels en France, parce qu'on pourrait mieux les rechercher", estime-t-elle.  

Le dossier Estelle Mouzin. Corinne Hermann a par exemple travaillé sur l'affaire de la disparition d'Estelle Mouzin, une disparition qui date de 13 ans jour pour jour. "Le dossier est en cours, mais il est en réalité assez inactif", confie-t-elle. "Notre but est de convaincre la justice de reprendre toutes les pistes qui n'ont pas été explorées jusqu'au bout. D'aller voir certains suspects, certains criminels qui ont été identifiés depuis dans la région d'Estelle, puis de reprendre un certain nombre d'affaires non résolues pour vérifier s'il n'y a pas des liens". Avec le temps, et les progrès techniques de la police scientifique, certaines pistes parfois se débroussaillent. "Ces nouvelles techniques nous permettent de résoudre des affaires très anciennes. On a aussi des techniques d'interrogatoire et d'analyse des scènes de crime différentes", confirme l'avocate. 

Le dossier des disparues de l'Yonne. C'est avec l'affaire des disparues de l'Yonne, dans laquelle Emile Louis a fini par être condamné près de 30 ans après les faits, que naît vraiment la vocation de Corinne Hermann pour les affaires non élucidées. C'est d'ailleurs l'affaire dont elle garde le plus marquant souvenir. "Ce dossier, c'est quinze ans de ma vie, quinze ans de combat", lâche-t-elle. "Tout le monde pensait qu'on n'arriverait à rien, et puis finalement on est arrivé au bout de cette affaire, on a retrouvé deux corps parmi les disparus.  A partir de là, d'autres familles victimes de disparitions nous ont contactées, et c'est difficile parfois de leur dire 'non, on arrête, on ne continuera pas à chercher' ", explique la spécialiste des cold cases.  "Alors reprend les dossiers à zéro. La priorité, c'est d’abord de protéger les scellés, de les retrouver pour les faire analyser. On revient sur les lieux, on essaye de revenir sur les scènes de crime et de rencontrer les proches des victimes".