Qu'est-il arrivé à Sophie, 20 ans, volatilisée à Schiltigheim, près de Strasbourg ? Le mystère reste entier, une dizaine de jours après la disparition de l'étudiante, censée retrouver ses parents pour fêter son anniversaire après la visite d'un appartement. Mais les investigations progressent et poussent les enquêteurs à craindre le pire : un suspect aux lourds antécédents judiciaires a été mis en examen et écroué dans ce dossier, dans la nuit de lundi à mardi. Mardi soir, le procureur de la République de Strasbourg a précisé qu'il était mis en examen pour "assassinat", "enlèvement" et "séquestration". Une perquisition effectuée dans son appartement a révélé "l'existence de traces de sang, malgré manifestement un nettoyage en profondeur et très récent des lieux", dont "l'ADN a été attribué à l'étudiante de 20 ans.
Une ligne téléphonique prépayée. Les enquêteurs ont remonté la piste de Jean-Marc R. grâce à des données téléphoniques. L'homme avait pourtant pris soin d'être difficilement identifiable : le numéro de l'annonce de location qu'il aurait rédigée correspondait à une ligne prépayée. C'est en se rendant à une visite de l'appartement décrit que Sophie a disparu. L'étudiante, qui s'apprêtait à entrer en troisième année de licence en économie-gestion, n'a plus donné signe de vie depuis.
Selon Les Dernières Nouvelles d'Alsace, les policiers ont rapidement remonté la piste de trois autres jeunes femmes ayant répondu à la petite annonce… sans qu'aucune ne puisse le visiter. Toutes trois sont venues au rendez-vous accompagnées d'hommes, elles ont attendu le prétendu propriétaire, en vain. Or Sophie s'est, elle, présentée seule.
Cagoules, stupéfiants et armes de poing. Les antécédents de Jean-Marc R. attirent également l'attention des enquêteurs. Le suspect a été condamné à quinze ans de réclusion aux assises, pour les viols d'une auto-stoppeuse allemande et d'une ex-maîtresse, commis dans les années 1990. À l'époque, il avait été interpellé lors d'un contrôle de routine, avec, dans son véhicule, un arsenal d'armes de poing, un fusil à pompe, des cagoules, des stupéfiants et des photos pornographiques. Les gendarmes avaient alors été intrigués par les poses endormies des jeunes femmes sur ces photos. L'une d'entre elles s'était avérée être son ancienne amante.
Avant d'être condamné aux assises, Jean-Marc R. avait en outre tenté de s'enfuir du Palais de Justice de Besançon, où était examinée sa demande de mise en liberté. Mais surtout, en 2001, l'homme a été acquitté dans une affaire rappelant étrangement la disparition de Sophie. Une jeune femme de 23 ans s'était volatilisée en 1987, sans que son corps ne soit jamais retrouvé. Représentante de commerce, elle avait effectué sa dernière visite chez Jean-Marc R.
"Il scanne les gens de haut en bas". "J'avais la chair de poule quand j'étais dans l'ascenseur avec lui", raconte un voisin. "Il scanne les gens du regard de haut en bas, froidement, sans dire bonjour. Ça donne des frissons." "Impossible de savoir ce que cet homme pense", abonde son ancien avocat. "Je n'ai moi même pas réussi a percé sa personnalité." Le suspect a été mis en examen après deux jours de garde à vue.