L'enquête est close. Après environ de deux ans de travail, les juges chargés d'instruire "l'affaire Bygmalion" ont terminé leurs investigations, a-t-on appris mardi. La clôture des investigations sur un système de fausses factures et des soupçons d'explosion du plafond des dépenses lors de la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2012, a été notifiée lundi. Une affaire dans laquelle l'ex-président risque un renvoi en correctionnelle. Europe 1 fait le point sur ce qu'ont découvert les magistrats du pôle financier Serge Tournaire, Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke, et sur la suite qui pourrait être donnée à ce véritable feuilleton financier.
Quels sont les résultats de l'enquête ? Au fil de leurs investigations, les magistrats ont découvert ce qui s'apparente à un système de fraude, mis en place pour camoufler les comptes de la campagne présidentielle du candidat Sarkozy. Ceux-ci auraient en effet explosé le plafond autorisé de 22.5 millions d'euros. En clair, ce n'est pas le candidat Nicolas Sarkozy qui aurait payé tous les frais de 2012. Ce qui dépassait aurait été pris en charge par l'UMP de Jean-François Copé et maquillé avec de fausses factures. Emises par la société d'événementiel Bygmalion, ces factures concerneraient des conventions n'ayant jamais existé. De sorte que la campagne aurait, en réalité, coûté possiblement 50 millions d'euros.
Qui a été mis en cause dans ce dossier ? Au total, 14 personnes ont été mises en examen dans cette affaire. D'abord des dirigeants de la société de communication Bygmalion, fondée par deux proches de Jean-François Copé. Mais aussi l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, dont le candidat lui-même, qui continue de jurer qu'il n'était pas au courant de la combine. Mais si Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour financement illégal de sa campagne le 16 février dernier, l'ex-président n'est pas poursuivi dans le volet portant sur le système de fausses factures. Enfin, au sein même du parti UMP (devenu "Les Républicains" depuis), des dirigeants sont concernés, comme Jean-François Copé. A ceci-près que ce dernier, lui, est simplement témoin assisté.
La perspective d'un procès est-elle proche ? Pas vraiment. Les mis en examen et leurs avocats ont de nombreux recours possibles, et il y a fort à parier qu'ils vont tenter de faire traîner la procédure. Il y a quelques jours, certains ont demandé des contre-expertises, mais elles ont été refusées par les juges d'instruction. Ils peuvent encore contester ce refus devant la cour d'appel, puis la Cour de cassation. Sachant que la clôture de l'enquête ouvre aussi un délai durant lequel les parties peuvent demander de nouveaux actes d'enquête. De son côté, le ministère public devra rendre son réquisitoire avant que les juges décident ou non de renvoyer les mis en examen devant un tribunal correctionnel.
Compte tenu de ces éléments, il est fort peu probable que cette décision tombe avant la tenue de la primaire des Républicains en novembre prochain. Et encore moins qu'un procès advienne d'ici-là ou la prochaine présidentielle.