Sa prise de parole au procès Bygmalion était très attendue. Jérôme Lavrilleux, l'ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé a été entendu ce jeudi au tribunal. Sept ans après l'interview confession où il avait, en larmes, dévoilé le système frauduleux mis en place pendant en 2012, l'ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy a reconnu avoir couvert le système de double facturation mis en place pour éviter que les comptes dépassent le montant légal autorisé, mais a répété l'avoir découvert tardivement.
"On est parti en sucette"
"Nous étions dans un TGV lancé à toute vitesse et que nous ne pouvions pas arrêter." C'est par cette métaphore que, le 26 mai 2014, Jérôme Lavrilleux avait qualifié le climat politique au sein de l'UMP lors de la campagne de 2012 dans une interview confession.
L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 s'est montré plutôt prolixe dans ses réponses et a même fait preuve de quelques touches d'ironie, parfois grinçante. Jérôme Lavrilleux résume sa position en quelques mots. Il dit avoir accepté la fraude, mais a postériori, se justifie-t-il, quand il a fallu faire face au dépassement des plafonds à l'issue des 44 meetings. "On baignait tous dans cette atmosphère : plus on en fait, et plus on remonte dans les sondages", explique-t-il aussi. Du coup, "on est parti en sucette".
Les magistrats apparemment peu convaincus
"Ceux qui ont bouclé les comptes ont essayé de faire entrer trois litres d'eau dans une bouteille d'un litre et demi d'eau", commente-t-il encore. Pour lui, c'est avant tout "l'inorganisation totale" de la campagne qui a conduit à ce désastre. D'où ce système de fausses facturations pour faire baisser le coût des meetings facturés aux comptes de campagne et ventiler le surplus à la charge de l'UMP.
"Je ne veux pas briser un fantasme sur le fait que tout ceci ait été planifié longtemps à l'avance mais en fait tout s'est passé au fil de l'eau, de manière empirique", soutient le prévenu. En mars 2012, admet-il cependant, quand Franck Attal (également sur le banc des prévenus), le responsable de la filiale événementielle de Bygmalion chargée d'organiser les meetings, est venu le voir car il s'inquiétait du paiement des fournisseurs de la campagne, il lui a proposé de facturer l'UMP. Il réfute toutefois avoir eu l'idée du système de ventilation.
La présidente, le parquet et les avocats des autres prévenus, ont semblé très peu convaincus de sa naïveté de 2012. "Si on vous suit, le système (de double facturation) aurait été mis en place à votre insu, vous, le directeur-adjoint de la campagne, vous, le directeur de cabinet ?", s'étonne la présidente. Face aux questions de Jérôme Lavrilleux a tenu bon, s'est énervé parfois, mais est reste campé sur ses positions.