Homme blessé lors d'émeutes en Lorraine : vers l'ouverture d'une information judiciaire

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avec AFP / Crédit photo : NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Une information judiciaire va être ouverte la semaine prochaine après qu'un jeune homme a été grièvement blessé lors d'émeutes à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), a annoncé vendredi le parquet de Val-de-Briey, alors que sa famille affirme qu'il a été touché par un projectile tiré par le Raid.

"La complexité des investigations restant à mener justifie l'ouverture d'une information judiciaire et la co-saisine de magistrats instructeurs" de Nancy, a indiqué dans un communiqué la procureure de la République Catherine Galen, qui n'a pas précisé pour quel chef cette information judiciaire serait ouverte. Son parquet va en conséquence se dessaisir "la semaine prochaine au profit" de celui de Nancy, a-t-elle indiqué. Après les faits survenus dans la nuit du 29 au 30 juin à Mont-Saint-Martin, commune limitrophe de la Belgique et du Luxembourg, le parquet de Val-de-Briey avait rapidement saisi l'IGPN des faits de violences avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique, a rappelé Catherine Galen dans son communiqué.

 

Plainte pour "violences volontaires"

La famille de la victime, Aimène Bahouh, 25 ans, a quant à elle porté plainte pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre. Selon les éléments actuels de l'enquête, et "sous réserve de l'évolution de la procédure", des policiers du Raid ont été pris pour cible, notamment par des tirs de "mortiers puissants" et de "pierres" provenant des "attroupements de nombreux piétons" et de "véhicules en circulation". 

Ils ont alors fait "exclusivement" usage de "diverses armes intermédiaires non létales", comme des LBD ou d'autres projetant des "bean bag", selon Catherine Galen. En français "sac de pois", ces munitions sont "censées être moins létales et ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu'elles sont utilisées à des distances appropriées", selon une étude de l'Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine.

Mais elles "peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules", soutiennent les universitaires. La victime, qui conduisait alors son véhicule à proximité de ces échauffourées, a été "sérieusement blessée à la tempe" et se trouve toujours hospitalisée vendredi dans un état de santé "stationnaire mais préoccupant", selon la procureure. Ses blessures sont "a priori compatibles avec un tir de 'bean bag'", a indiqué Catherine Galen dans son communiqué.

 

Pas un "émeutier" selon sa famille

Selon un membre de la famille d'Aimène Bahouh, ce dernier se déplaçait en voiture, vitre ouverte, "pour aller se ravitailler à la pompe à essence au Luxembourg" après sa journée de travail, lorsqu'il "a reçu un projectile du Raid, un 'bean bag' sur la tempe". La famille "rejette tout amalgame entre Aimène et les émeutiers": "C'est quelqu'un qui travaille, il fait 40 heures par semaine en tant qu'agent de sécurité au Luxembourg, ce n'est pas du tout un délinquant".

La victime circulait dans sa voiture "au cœur des violences urbaines sans que sa participation soit à ce stade établie", indique dans son communiqué le parquet de Val-de-Briey. "Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu'on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer", avait indiqué mercredi Catherine Galen à l'AFP. "On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers. Ca reste confus. A la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu'il y avait une victime grave", avait-elle ajouté.