En Lorraine, les «Culs brûlés» aux urnes pour se choisir un nom

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avec AFP / Crédit photo : KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Les habitants de plusieurs communes lorraines, surnommés localement les "Culs brûlés" en référence à une vieille tradition régionale, sont appelés aux urnes pour se prononcer sur un nouveau nom pour leur regroupement communal. Cette initiative vise à renforcer l'identité collective et l’attractivité de la région, en cherchant un nom plus moderne et moins sujet aux moqueries extérieures.

Certains s'en sont lassés, d'autres veulent en faire leur nom officiel : les habitants du village d'Olley (Meurthe-et-Moselle), surnommés les "Culs brûlés" depuis des siècles, ont jusqu'au 2 novembre pour choisir leur nouveau nom. Bizarrerie de l'histoire, Olley, 200 habitants, n'a jamais eu de nom officiel pour désigner ses habitants. À mi-parcours du scrutin, une quarantaine d'habitants avaient voté vendredi pour l'un des huit termes proposés afin de leur donner un nom commun.

Huit propositions pour une nouvelle identité

Ce sont plusieurs discussions entre les habitants qui ont mené à cette quête d’un gentilé officiel. Il y a quelques semaines, un appel à contributions a été lancé pour permettre aux résidents de soumettre des propositions. Après délibération, huit options ont été retenues : des classiques comme "Olleysiens", "Olleygeois", "Ollesien", "Ollois"; des choix plus originaux comme "Olleyon", "Olleumien" et "Olleyjoie" (avec leurs versions féminines respectives), ainsi que "Culs brûlés", leur surnom historique, qui fait sourire certains et en hérisse d'autres.

D'autres appellations, comme "Olley mains" ou "Olley coeurs", n'ont finalement pas été retenues.

Entre fierté historique et crainte de moqueries

"A voté!" sourit Anastasia Giuliani en déposant dans l'urne son petit papier plié. Nouvelle habitante d'Olley, âgée de 38 ans, elle se réjouit de pouvoir "choisir notre gentilé". Avec son mari David, elle a choisi le numéro sept : "Culs brûlés". "C'est assez original et ça retrace un peu l'histoire du passé d'Olley", explique-t-elle, tandis que son mari ajoute : "C'est une force de pouvoir dire que nous, on est des Culs brûlés, de le dire fièrement."

Ce surnom remonterait à plusieurs siècles, bien que son origine reste floue. Selon l’historien Kévin Goeuriot, il pourrait provenir soit des "exactions commises par les Suédois pendant la guerre de Trente Ans" (1618-1648), soit d'une époque où les habitants vendaient une huile peu prisée localement.

Le maire d'Olley, David Buono, raconte avec amusement qu’une autre commune lointaine a même contacté la mairie, expliquant que, de leur côté, ils étaient surnommés... les "Culs gelés".

Une initiative pour renforcer l’unité villageoise

Une autre habitante, venue récupérer son livret de famille en mairie avec son nouveau-né d'un mois, a profité de l’occasion pour voter. Elle a choisi la première option : "Olleysien, Olleysienne", espérant "avoir un nom commun" plus neutre pour la communauté.

Outre le souhait d’identité commune, la première adjointe au maire, Marie-Claire Donnen, explique que l’objectif était "surtout aussi de remobiliser les gens du village autour d'un projet commun qui est plutôt léger et qui peut embarquer tout le monde". Tous les habitants peuvent voter à partir de 10 ans, ce qui permet aussi aux jeunes de vivre leur première expérience de la démocratie locale. "Une communauté villageoise, elle est avec tous ses habitants", insiste Mme Donnen. "À partir de 10 ans, ils font partie intégrante de la vie du village, donc c'était important de les inclure dans ce processus de choix."

Une résidente, qui souhaite rester anonyme, confie avoir pensé aux jeunes avant de voter. Elle a donc écarté "Culs brûlés" pour un terme plus classique, espérant que les enfants d'Olley, scolarisés dans une autre commune, ne soient pas moqués pour leur origine.

Le vote, bien que non soumis à une procédure officielle, permet aux résidents de s’investir dans la vie de leur commune. Pour Marie-Claire Donnen, il représente surtout une "belle parenthèse" dans une période où "l'actualité est compliquée" et où les inquiétudes quotidiennes peuvent paraître éloignées de ce genre d’initiative.