C'est le procès d'un accusé bien énigmatique qui s'ouvre ce mardi devant la cour d'Assises de la Drôme à Valence. Depuis deux ans, celui que l'on appelle le "tueur de DRH" est resté totalement muet face aux enquêteurs puis face aux juges, aussi bien pendant les interrogatoires que durant les reconstitutions, renforçant ainsi la douleur des familles des victimes. Gabriel Fortin est pourtant accusé d'avoir assassiné trois femmes ; deux responsables des ressources humaines, une troisième, directrice de l'antenne Pôle emploi de Valence.
Le périple meurtrier du principal intéressé s'est concentré sur seulement quelques jours de janvier 2021. Et prend des allures de règlement de compte. Âgé de 45 ans, au chômage et de nature solitaire, Gabriel Fortin rumine depuis des années ses licenciements successifs. La première victime, exécutée par arme à feu sur un parking en Alsace, était la DRH d'une société dont il avait été licencié en 2006.
"Il n'a pas cherché à parler ou à écouter, il a tué"
Sa deuxième victime présentait un profil similaire. Responsable RH d'une entreprise ardéchoise, elle avait participé en 2010 aux entretiens préalables au licenciement de Gabriel Fortin, qui, 11 ans plus tard, se venge en la tuant dans son bureau.
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L'accusé fait aussi une troisième victime - encore une femme - responsable d'équipe au Pôle emploi de Valence d'où il avait été radié huit ans plus tôt. Apparemment, elle ne l'avait jamais rencontré auparavant. Sa sœur, Marie Hélène, ne supporte pas le mutisme de l'accusé depuis deux ans. "Il a agi de façon lâche depuis le départ de toute façon. Notamment la façon dont il effectué les trois assassinats. Ce n'était pas équitable, il était armé, face à ces femmes sans défense pour avoir cette toute-puissance sur elles. Il n'a pas cherché à parler ou à écouter, il a tué. C'est de la pure lâcheté", lance-t-elle.
Difficile d'imaginer Gabriel Fortin rompre ce silence ce mardi. D'autant qu'il pourrait demander à ne pas assister aux débats et à rester dans une salle à part.