Combien de temps resteront-ils encore sur leurs terrains ? Mercredi, onze familles et quatre agriculteurs "historiques" habitant sur le périmètre du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont assignés à 11h00 devant le juge de l'expropriation du tribunal de grande instance (TGI) de Nantes, statuant en référé. La société Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du site, réclame leur expulsion immédiate.
Mise à jour le 13 janvier à 14h45 : le juge a mis sa décision en délibéré au 25 janvier à 14 heures. L'audience a duré près de quatre heures. Les manifestants anti-aéroports étaient nombreux devant le tribunal. Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, est brièvement passée les soutenir.
Déjà 244 expropriés. AGO réclame par ailleurs une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas. Un véritable "coup de massue sur la tête" pour Sylvain Fresneau, l'un des paysans menacés d'expulsion. "Dans les onze familles, il y a mon tonton de 83 ans qui est né là. Je suis né là. C'est nos racines qu'on couperait", explique-t-il. A l'inverse, 244 autres personnes qui vivaient sur le site ont accepté, depuis 2008, date de déclaration d'utilité publique du projet, de partir à l'amiable, rappellent les partisans de l'aéroport. L'annonce, le 30 octobre par l'Etat, de la reprise des travaux s'est traduite notamment par le paiement des indemnités d'expropriation. Une fois ce règlement effectué, les détenteurs sont tenus de quitter les lieux dans un délai d'un mois, et s'ils refusent, il peut être procédé à l'expulsion des occupants, prévoit le Code de l'expropriation.
Sous haute tension. L'audience de mercredi matin se déroulera sous haute tension, alors que les opposants au projet d'aéroport se mobilisent depuis plusieurs jours pour faire entendre leur colère et manifester leur soutien aux familles et agriculteurs menacés. Ils accusent notamment François Hollande d'avoir "trahi" son engagement, pris en 2012, de geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet n'avaient pas été épuisés, ce qui inclut, selon eux, les procédures d'appel. Leur démonstration de force samedi et la mobilisation à pied, en vélo ou en tracteur de milliers de personnes - 7.200 selon les autorités, 20.000 selon les organisateurs - sur le pont de Cheviré, l'un des principaux ponts sur la Loire, paralysant ainsi le trafic sur le périphérique de Nantes, s'est conclue sans que les manifestants n'obtiennent ce qu'ils réclamaient, l'annonce par le chef de l'Etat d'un "abandon immédiat" de la procédure d'expulsion.