Le gouvernement a promis une réponse ferme, mais l'enquête ne fait que débuter. Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, deux policiers ont été passés à tabac par une foule de plusieurs dizaines de personnes, à Champigny, dans le Val-de-Marne.
"On ne savait plus qui était qui". À l'origine de la rixe, une soirée préparée en toute illégalité, dans un hangar, au milieu d'une zone artisanale. L'organisateur a loué les lieux à titre privé, mais a mis sur pied, sans autorisation, une soirée festive pour le réveillon. Espérant remplir la salle, il fixe un tarif attractif à l'entrée de 15 euros. La publicité sur les réseaux sociaux à fait le reste : peu avant minuit, 200 adolescents venus de toute l'Ile-de-France font la queue pour rentrer. Mais lorsque la soirée affiche complet, une partie d'entre-deux tente de forcer l'accès dans une cohue indescriptible.
La police, prévenue, arrive sur place. Deux fonctionnaires sont alors immédiatement roués de coups et pendant plus d'une heure, tout dégénère. "Les flics ont balancé du lacrymogène. Les gens ont commencé à tomber, on ne savait plus qui était qui, les gens couraient partout […]", explique Younes, qui participait à une autre soirée, juste à côté. Pour rétablir l'ordre, les policiers ont décidé d'utiliser des lanceurs de balles de défense et des grenades de désencerclement. La situation n'est revenue au calme que vers deux heures du matin.
Un "lynchage lâche et criminel". Depuis lundi, les policiers examinent les images tournées sur place avec des téléphones portables, quelques minutes avant le passage en 2018. Sur une première, une voiture retournée et matraquée par des jeunes déchaînés, après que le hangar, trop petit, a été évacué. Sur une deuxième, des garçons qui chantent "allumer le feu". Mais il y a surtout ces trois vidéos - au moins - diffusées sur les réseaux sociaux, d'une durée de quelques secondes seulement. On y distingue, de manière chaotique, une femme en tenue de police, recroquevillée au sol, et des jeunes qui la frappent à coups de pieds, certains en passant, d'autres en s'acharnant. Les coups pleuvent, on croit les entendre sur fonds de cris.
La jeune gardienne de la paix s'en sort avec des contusions et sept jours d'ITT. Au même moment, le capitaine qu'elle accompagnait, isolé lui aussi, est frappé au visage. Le nez cassé, il écope de dix jours d'interruption de travail.
Les vidéos, clé de l'enquête ? Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est rendu sur place tandis que le président de la République a condamné sur Twitter un "lynchage lâche et criminel" promettant de retrouver les agresseurs. Les enquêteurs vont évidemment chercher à se procurer les images brutes, originales, pour y déceler de précieux détails. Peut-être la clé, au-delà des témoignages et de la téléphonie, pour identifier les agresseurs, quelques dizaines peut-être, parmi les 400 à 500 personnes présentes en tout sur les lieux de la soirée.