La peine est forte, exemplaire. Jeudi, Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre du Budget a été condamné à de la prison ferme pour fraude fiscale. Cette condamnation est le symbole d'un premier grand succès du Parquet national financier (PNF), qui a été créé il y a deux ans, juste après le scandale Cahuzac. Le tribunal a suivi toutes ses réquisitions et il a prononcé des sanctions exemplaires : une amende maximale contre la banque mais surtout deux et trois ans de prison fermes, sans sursis, ni aménagement de peine pour les époux Cahuzac.
"Aucune tolérance ne peut être admise". C'était loin d'être évident car la justice rechigne souvent à incarcérer les délinquants en col blanc. D'ailleurs, lors du procès, la procureure Éliane Houlette avait souligné le danger qu'il y a à davantage sanctionner les voleurs de mobylettes que les escrocs de haut vol. "Les différences de traitement favorisent les frustrations et propagent l'idée qu'il existe une impunité des puissants, aucune tolérance ne peut plus être admise", avait-elle expliqué, présentant Jérôme Cahuzac comme le "Ministre du Mensonge qui a flétri l'honneur de la France".
Jérôme Cahuzac fait appel. Le tribunal n'a pas repris la formule mais les 205 pages du jugement, dans leur sécheresse implacable, montrent que les magistrats ont bien reçu le message. Sitôt le jugement annoncé, l'avocat de Jérôme Cahuzac, Jean Veil, a annoncé sur Europe 1 que son client fera appel du jugement.