Les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre ont fait leurs premières victimes en Algérie. Au total, ce sont cinq morts qui ont été recensés par les sources hospitalières. Un chauffeur de taxi, pris d'un malaise samedi après avoir inhalé des gaz lacrymogènes, est décédé dimanche à l'hôpital Ibn Rochd d'Annaba. Samedi soir, un jeune homme avait été tué par balle dans la région de Tiaret, à 340 km à l'ouest d'Alger, alors qu'il tentait avec son père de protéger leur bar contre des casseurs. Un peu plus tôt dans la journée, une personne était morte brûlée dans un hôtel incendié par les émeutiers, selon les informations du ministre algérien de l'Intérieur Dahou Ould Kablia. Son identité n'a pas été précisée.
Deux hommes avaient déjà perdu la vie vendredi lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, l'un au sud-est d'Alger, l'autre à l'ouest de la capitale, alors que des manifestations violentes ont éclaté depuis quatre jours dans plusieurs villes d'Algérie en réaction contre la cherté des denrées alimentaires et le manque de perspective sociale et économique pour la jeunesse. Le ministre algérien de l'Intérieur a par ailleurs précisé que les manifestations avaient fait 300 blessés parmi les forces de l'ordre.
La police n'hésite pas à user des armes
Akriche Abdelfattah, 32 ans, est mort vendredi lors d'émeutes à Bou Smaïl, petite ville située à 50 km à l'ouest d'Alger. Il serait décédé après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine figure, selon une source médicale. Son corps a été transporté à la morgue de la petite ville de Qolea, à un vingtaine de kilomètres d'Alger.
Un autre jeune homme, Azzedine Lebza, âgé de 18 ans, a été tué par balle jeudi à Ain Lahdjel, dans la région de M'Sila, à 300 km au sud-est d'Alger. Il est mort sur le coup alors que la police tentait de repousser des manifestants qui avaient réussi à pénétrer de force à l'intérieur de la poste et de la daïra (sous-préfecture), selon le quotidien El Khabar. Quatre de ses camarades ont également été blessés lors de l'incident.
17 blessés à Annaba
Par ailleurs, 17 personnes ont été blessées à Annaba, à plus de 600 km à l'ouest d'Alger, dont trois policiers par des jets de pierre de manifestants, selon la protection civile et un policier qui a requis l'anonymat. L'un des trois policiers atteint à la tête est dans un état grave.
A Tizi Ouzou, chef-lieu de la Grande Kabylie, la ville semblait calme durant la matinée après une nuit mouvementée, selon des habitants. Les émeutes qui ont débuté dans le centre-ville la veille se sont propagées dans la soirée vers des quartiers périphériques, notamment Boukhalfa où des manifestants ont coupé la route menant vers la capitale avec des pneus en feu.
Alger sous haute surveillance
A Alger, une vive tension était toujours perceptible dans de nombreux quartiers de la capitale. Pourtant Bab el Oued, principal foyer de la contestation, n'a pas vécu d'affrontements nocturnes depuis mercredi, date du début des émeutes d'ampleur, ont indiqué des résidents. Dans le quartier très populaire de Belcourt, dans l'est d'Alger, les routes étaient coupées vendredi par des jeunes en colère, pour la seconde journée consécutive marquée par des affrontements à coups de pierre avec la police et des feux de pneus, selon des témoins. Dans le quartiers des Bananiers, dans la banlieue est d'Alger, un groupe de jeunes a saccagé vendredi en début de soirée le siège de l'inspection du travail d'Alger et dérobé ses équipements.
Dans la région de Boumerdès (60 km à l'est d'Alger), les troubles se sont poursuivis jusqu'au environ de 21H00 (20H00 GMT). Des manifestants avaient notamment érigé des barricades sur l'autoroute en direction d'Alger. Un conseil ministériel doit se réunir samedi après-midi pour tenter d'endiguer la flambée des prix.