"Il y avait des coulées de boue et des pierres tombaient des montagnes. C'était monstrueux, ça allait à une vitesse incroyable": les trekkers, choqués, qui revenaient jeudi du Ladakh témoignent à leur arrivée à New Delhi, du désastre qui a frappé la région himalayenne.
Une semaine en "enfer"
Epuisé, les yeux rougis, David Bressac, un accompagnateur de haute montagne pour une agence de voyage franco-indienne, raconte une semaine en "enfer" depuis les inondations qui ont frappé Leh, la principale ville du Ladakh, dans le nord de l'Inde, et les villages alentours.
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Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, des précipitations exceptionnelles ont provoqué des inondations et des glissements de terrain qui ont tout détruit sur leurs passages. Selon les autorités indiennes, au moins 185 personnes sont mortes, dont 5 européens, et 400 autres sont toujours portées disparues. Mais la mort de trois Français n'a pas été confirmée par la France qui souhaite que les recherches se poursuivent.
"J'accompagnais un groupe de 9 personnes, mais un jeune a eu le mal des montagnes alors on a fait tous les deux demi-tour vers Leh, mais on a été pris par les pluies. On avait de la boue jusqu'aux hanches, on s'aidait tous les deux pour se dégager", raconte-t-il, l'air hagard, en tongs, à l'aéroport. "Il y avait des coulées de boue, des pierres tombaient des montagnes. C'était monstrueux, ça allait à une vitesse incroyable. Ca a duré une heure ou deux", poursuit le jeune guide de 22 ans. "On a ensuite été bloqué pendant cinq jours à Skyu", dans la vallée de la Markha.
La gare routière écrasée
Ils y retrouvent d'autres groupes de trekkers et apprennent la mort de quatre personnes et la disparition de deux autres, dont un Français de 18 ans, emporté par une coulée de boue alors qu'il faisait un trek avec quatre amis. Le corps d'une Roumaine a aussi été découvert et mis à l'abri dans un monastère. "On était une centaine dans un village. On n'avait plus d'eau ni de nourriture et il n'y avait aucune liaison téléphonique, c'était la panique. On a réussi à trouver un téléphone satellitaire à une heure de marche le 8 août pour dire qu'on était bloqué.
Tous les touristes arrivant à New Delhi, dont de nombreux Français, évoquent des scènes de dévastation à Leh, où la gare routière a été écrasée, les maisons inondées, l'hôpital détruit. Certains parlent d'arrivée de maladies.
Armentia Araceli, retraitée espagnole de Madrid, n'a jamais pu quitter Leh après l'annulation de son trek. Avec de nombreux autres touristes, elle a alors passé la semaine à déblayer la boue et aider les secours dans leurs recherches. Egalement bloqués à Leh avec son amie, Rayan Fetouni, originaire de l'est de la France a, lui, creusé des tranchées autour des maisons.
Mercredi soir, une marche aux bougies en hommage aux victimes a réuni plusieurs centaines d'habitants et de touristes dans les rues de Leh dévastée.