L'INFO. Après la confirmation de la Maison-Blanche d'une utilisation des armes chimiques par le régime, la question syrienne s'est imposée en tête de pont des discussions du sommet du G8 qui s'est ouvert lundi en Ulster. Tous les regards étaient braqués sur la Russie et son président Vladimir Poutine qui opère une résistance forte face aux sept autres gouvernements des économies les plus puissantes de la planète. Le soutien indéfectible que la Russie apporte au régime de Bachar al-Assad suscite les critiques des Occidentaux.
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Une rencontre glaciale avec Obama. Le chef du Kremlin a rencontré Barack Obama pendant deux heures en marge de la réunion des dirigeants du groupe des huit. Et l'entrevue dans un salon du luxueux complexe hôtelier de Lough Erne a été glaciale. Vladimir Poutine, visage fermé, impassible, regarde dans le vide et ne masque pas son désintérêt total lorsque le président Américain parle de massacres ou d'armes chimiques.
D'un filet de voix très monocorde, le président russe appelle chacun à ne violer aucune règle, notamment en ne livrant pas d'armes à des armées qui ne sont pas légitimes. "Bien sûr, nos opinions divergent, mais nous avons tous l'intention de mettre fin aux violences en Syrie", a simplement déclaré Vladimir Poutine. Il s'ensuit un communiqué formel qui ne laisse aucun espoir sur une quelconque avancée. C'est simple : au G8 lorsque Poutine apparaît, la température chute. Il propage une sorte de "glaciation" qui paralyse totalement le dialogue.
Une rencontrée très froide avec Hollande. Cette tension était également palpable aux autres rencontres bilatérales qui se sont tenues entre Vladimir Poutine et ses homologues. Lors de son échange avec le président français, François Hollande, le chef du Kremlin démarre son propos en évoquant… des divergences en matière d'échanges économiques avec la France. Il n'a pas glissé un mot sur la Syrie. Puis il écoute toujours avec un profond détachement le président Français qui a axé son discours sur les 93.000 morts du conflit. Dès son arrivée à Lough Erne, le chef de l'Etat français avait, vivement critiqué la Russie qui "continue de livrer des armes au régime de Bachar al-Assad alors que l'opposition n'en reçoit que très peu et qu'elle est aujourd'hui massacrée".
Le président canadien avait déjà lâché l'affaire. Avant l'arrivée du groupe des huit, les espoirs étaient déjà minces. "Ne soyons pas dupes. A moins qu'il (Poutine) ne change radicalement de position, nous n'aurons pas de position commune avec lui au G8", avait prévenu le Premier ministre canadien Stephen Harper, à la veille du sommet.
Une ambiance tendue lors du dîner. Lundi soir, lors du dîner, les participants ont évité les "récriminations réciproques", confie poliment un diplomate décrivant une ambiance tendue. Ce qui est saisissant et un peu désespérant, c'est qu'à un contre sept, Vladimir Poutine démontre une résistance d'acier dans le bras de fer qui l'oppose aux grands de ce monde.
Quelles avancées ? Les avancées sont maigres pour ne pas dire nulles. Barack Obama et Vladimir Poutine ont assuré qu'ils n'avaient abandonné l'idée de la fameuse conférence, dite de "Genève 2". Proposée début mai par Washington et Moscou pour permettre l'ouverture de négociations entre les belligérants syriens, cette conférence semble compromise par l'ampleur des divergences et les récents succès de l'armée syrienne face aux rebelles.
Le président américain va aussi annoncer aux dirigeants du G8 le déblocage de 225 millions d'euros d'aide humanitaire supplémentaires pour les réfugiés syriens, portant le total de l'aide américaine aux réfugiés à 600 millions d'euros.