Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, était en visite à Paris jeudi. Il a rencontré tour à tour François Fillon puis Nicolas Sarkozy. A chaque fois, le successeur de Yasser Arafat a abordé, entre autres, le sujet de la reconnaissance par la France de l’Etat palestinien dans ses frontières de 1967. L’option est de plus en plus sérieusement envisagée par l’Elysée et le Quai d’Orsay. "C'est une question à laquelle il faut réfléchir et à laquelle nous réfléchissons", disait cette semaine Alain Juppé. Et fait nouveau, un accord de paix avec Israël n’est plus un préalable obligatoire.
Au contraire même, puisque cette reconnaissance, que d’autres pays européens pourraient décider en même temps, serait aussi destinée à faire bouger les lignes. "La reconnaissance de l'Etat de Palestine est une option à laquelle nous réfléchissons actuellement avec nos partenaires européens, dans l'optique de créer un horizon politique à même de relancer le processus de paix", a déclaré jeudi l'ambassadeur de France à l'ONU Gérard Araud lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient. "Si nous la retenions, elle devrait favoriser une reprise des négociations sur la base des paramètres internationaux bien connus."
"Les Israéliens seront bien seuls"
Et Mahmoud Abbas y croit. "Tous les signes de ces organisations et Etats montrent qu'ils attendent le bon moment pour reconnaître" l'Etat, a-t-il assuré sur France 24. Surtout, une telle démarche devrait aussi aboutir à la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU, comme Barack Obama l’avait promis en septembre 2010, lors de l’Assemblée générale de l’organisation. Là encore, un tel geste aurait pour effet de mettre la pression sur l’Etat hébreu. "S'il y a un consensus international pour nous reconnaître et si les Israéliens ne le font pas, ils seront bien seuls", prévient Mahmoud Abbas dans Le Figaro.
Le président de l’Autorité palestinienne n’a en revanche pas l’intention de reconnaître Israël comme "Etat juif", comme le réclame le Premier ministre Benyamin Netanyahou. "Nous avons reconnu Israël en 1993 avec les accords d'Oslo", rappelle-t-il dans le quotidien national. "S'ils veulent que nous reconnaissions leur État sous un autre nom, il faut qu'ils aillent aux Nations unies pour changer le nom d'Israël."