Wyclef Jean, ancien leader des Fugees et vedette internationale du hip-hop, a déposé jeudi sa candidature pour l'élection présidentielle de novembre en Haïti. Une candidature déjà critiquée. L'acteur américain Sean Penn a fait part de ses réserves, jeudi soir, mettant en doute les motivations du musicien et de ses soutiens.
Pour l’écrivain et spécialiste d’Haïti, Christophe Wargny, auteur de Haïti, n’existe pas, ce ne sont pas tant les motivations du chanteur, que son manque de compétences qui pose problème. Elire Wyclef Jean serait "ajouter le grotesque à la tragédie", n’hésite-il pas à asséner. Entretien pour Europe1.fr.
Wyclef Jean a-t-il une carrure de Président ?
S’il est bon chanteur, il n’a aucune compétence en matière politique et en gestion. Je pense qu’il peut faire un bon début de campagne, dynamique, mais très vite on se rendra compte qu’il n’a pas les épaules et n’est pas meilleurs que les politiciens haïtiens. Elire Wyclef Jean à la tête du pays serait ajouter le grotesque à la tragédie. De plus, il faut savoir que sa candidature n’est pas valide. Pour le moment, Wyclef Jean ne peut pas se présenter légalement à cette élection puisqu’il a une double nationalité. Hors, la Constitution l’interdit pour briguer ce mandat.
Si sa candidature est malgré tout validée, que peut-il apporter à son pays ?
Pas grand-chose. Ceux qui peuvent aider Haïti sont ceux qui sont représentatifs de la société civile. Wyclef Jean ne connaît pas assez bien son pays, où il ne vit plus, pour avoir une vraie vision des besoins de la population. Tout ce qu’il pourra apporter, ce seront des dollars récoltés sur le continent américain grâce à ses réseaux. Il n’a pas l’expérience suffisante. Un autre chanteur, Mano Charlemagne, avait brigué la mairie de Port-au-Prince en 1995 et remporté le siège. Mais lui, avait beaucoup plus d’expérience que Wyclef Jean.
Qui est alors le mieux placé pour remporter le scrutin ?
Je pense que ce sera le candidat qui sera désigné par le président sortant, René Préval. Cet homme a l’appareil d’Etat, des réseaux, du pouvoir. Il aura donc les moyens de pousser son poulain. Par là, je sous-entends qu’il y aura de la corruption, des distributions de pots-de-vin pendant cette élection comme, il y en a toujours eu.