Vendredi, la Haute-Cour de Londres a annulé en appel le jugement refusant l'extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis. Désormais, la justice britannique devrait de nouveau statuer sur la demande d'extradition américaine, ce qui laisse place à un possible transfert du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis. Là où Julian Assange devrait être jugé pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Risque de suicide
Un an plus tôt, la juge Vanessa Baraitser, s'était opposée à la remise aux autorités américaines de l'Australien âgé de 50 ans, invoquant le risque de suicide du fondateur de WikiLeaks s'il était incarcéré aux Etats-Unis. Dans sa décision vendredi, la Cour a estimé que les Etats-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes qui avaient conduit la juge de première instance à bloquer l'extradition.
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Parmi ces assurances, celle de ne pas incarcérer Julian Assange à la prison de très haute sécurité ADX de Florence, dans le Colorado, surnommée l'"Alcatraz des Rocheuses", où sont notamment détenus à l'isolement quasi-total des membres d'Al-Qaïda. La justice américaine s'assurerait aussi que le fondateur de WikiLeaks reçoive les soins cliniques et psychologiques nécessaires et qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie.
Le "cynisme" d'une décision prise pendant la journée des droits de l'homme
Face à la presse, devant la Haute Cour, la compagne de Julian Assange, Stella Moris, a dénoncé le "cynisme" d'une telle décision, durant la journée internationale des droits de l'homme. "Julian a révélé les crimes de la CIA, les tortures de la CIA", a-t-elle déclaré, "comment peuvent-ils accepter une extradition vers le pays qui a comploté pour tuer Julian (...) à cause de ce qu'il a publié ?", a-t-elle poursuivi, décrivant son compagnon comme un représentant de "toutes nos libertés et tous nos droits". La Russie, de son côté, a jugé "honteuse" la décision rendue à Londres, y voyant "une nouvelle illustration de la vision du monde cannibale du tandem anglo-saxon".
175 ans de prison
Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis deux ans et demi, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l'ambassade londonienne de l'Equateur où il s'était réfugié alors qu'il était en liberté sous caution. Poursuivi pour cette fuite de documents et espionnage, il risque jusqu'à 175 ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse. Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou la Suède où il faisait l'objet de poursuites pour viol, abandonnées depuis. Si les juges britanniques donnent leur feu vert, la décision finale d'extradition reviendrait au gouvernement britannique.