Ce sont les attentats les plus meurtriers jamais survenus en Belgique. Mardi 22 mars vers 8 heures, deux explosions ont retenti dans le hall des départs de l'aéroport de Bruxelles-National, à Zaventem. A 9h11, une autre déflagration se produisait dans une rame de métro, au niveau de la station de Maelbeek, au cœur du quartier européen de la capitale belge. Au total, une trentaine de personnes ont trouvé la mort, et 200 autres ont été blessées.
Immédiatement après les faits, une enquête a été ouverte par la section antiterroriste du parquet fédéral belge. Trois juges d’instruction spécialisés en matière de terrorisme sont mobilisés sur le dossier. Alors que les investigations commencent tout juste, Europe 1 fait le point.
- Quels sont les premiers éléments des investigations ?
"Un engin explosif contenant des clous" a été découvert lors de perquisitions menées dans la journée à Schaerbeek, a indiqué le parquet fédéral mardi soir dans un communiqué. D'après des sources hospitalières, les blessures sont révélatrices de l'usage de clous dans les explosifs déclenchés à l'aéroport Bruxelles-National.
"Des produits chimiques et un drapeau de l'organisation de l'Etat islamique", ont également été retrouvés lors de ces perquisitions, précise le communiqué. Dans la soirée de mardi, "diverses perquisitions, à plusieurs endroits dans le pays," étaient encore en cours, et "plusieurs témoins entendus", a par ailleurs indiqué le procureur Frédéric Van Leeuw, lors d'une conférence de presse.
- Combien y a-t-il de suspects ?
Pour la double explosion de l'aéroport. Trois hommes, âgés de 20 à 30 ans, apparaissent sur une capture d'écran de vidéosurveillance de l'aéroport de Zaventem, peu avant la double détonation survenue, vers 8 heures, dans le grand hall des départs. Tous trois poussent chacun un chariot à bagages, sur lequel est posé un gros sac de sport, contenant sans doute des engins explosifs.
Cheveux noirs et pulls sombres, deux d'entre eux ont la main gauche gantée, ce qui leur aurait permis de dissimuler le déclencheur des explosifs selon certains médias belges. "Deux d’entre eux ont vraisemblablement accompli un attentat suicide", a affirmé le parquet fédéral dans son communiqué.
Quant au troisième homme, situé à droite de l'image, il a pris la fuite. Vêtu d’une veste claire et d'un bob sombre masquant le haut de son visage, cet individu est "activement recherché" par la police belge qui a diffusé un appel à témoins, mardi soir. Son engin explosif n'aurait vraisemblablement pas explosé. "Une troisième bombe n'a pas explosé", a indiqué le gouverneur de la province du Brabant Flamand, Lodewijk De Witte. Celle-ci a été détruite en début d'après-midi par une équipe de démineurs dépêchés sur place, a-t-il précisé.
Pour l'explosion à la station Maelbeek. En ce qui concerne la puissante déflagration ayant retenti à 9h11, dans le métro au niveau de la station Maelbeek, à seulement quelques centaines de mètres de la Commission européenne, on ne connaît pas encore les conditions dans lesquelles elle a été déclenchée. On ignore notamment si un kamikaze ou non est à l'origine de l'explosion. Mercredi matin, Le Monde affirmait que l'un des deux frères El Bakraoui, identifiés comme les suspects des attentats par la RTBF, pourrait s'être fait exploser à la station de métro.
- Ces attentats ont-ils été revendiqués ?
Dans un communiqué rédigé en arabe et en français, le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué les attentats de Bruxelles et promis d'autres attaques. L'EI y affirme que "des soldats du Califat" ont mené les attentats contre "la Belgique croisée". L'organisation terroriste parle d'assaillants armés de "ceintures explosives, de bombes et de fusils mitrailleurs", mais reste vague sur leur nombre et sur ceux ayant "déclenché leurs ceintures explosives". Cette revendication n'a pas encore été authentifiée, a souligné le parquet fédéral.
L'Etat islamique diffuse un communiqué de revendication en français pour le double attentat de #Bruxellespic.twitter.com/xHBSQzhyl2
— David Thomson (@_DavidThomson) 22 mars 2016
- Peut-on établir un lien avec les attentats de Paris ?
Ces attaques surviennent quatre jours après l'arrestation à Moleenbeek, quartier populaire de Bruxelles, de Salah Abdeslam, suspect clef des attentats perpétrés le 13 novembre à Paris, et revendiqués par l'EI. Mardi soir, le parquet fédéral belge a affirmé dans son communiqué : "Il n’est pas possible d’établir un lien avec les attentats de Paris". Toutefois, selon la RTBF, qui a révélé l'information mercredi matin, deux délinquants de droit commun, Khalid et Ibrahim El Bakraoui, auraient été identifiés comme faisant partie des auteurs des attaques de Bruxelles.
Et l'un d'eux, Khalid, est soupçonné d'avoir loué, sous une fausse identité, un appartement à Charleroi d'où sont partis les commandos du 13 novembre juste avant de les commettre. Les enquêteurs le soupçonnent également d'avoir loué (toujours sous un faux nom) la planque de Forest. Le 15 mars dernier, une banale perquisition à cet endroit, tournant à la fusillade avec la police, avait accéléré brusquement la traque du suspect clef des attentats de Paris. Trois jours plus tard, Salah Abdeslam, était arrêté à Molenbeek, après plus de quatre mois de traque. Depuis cette perquisition, les deux frères étaient recherchés par la police, indique Libération.
Le parquet fédéral belge a annoncé qu'il communiquerait dans le courant de la matinée, mercredi.
- Une opération préparée depuis longtemps ?
Invité d'Europe 1, le criminologue Alain Bauer a déclaré que l'on "n’organise pas des attentats structurés et coordonnés en quatre jours", faisant référence à l'hypothèse d'éventuelles représailles suite à la capture de Salah Abdeslam, vendredi. Selon l'expert, celle-ci n'a pas précipité les attentats. Néanmoins, il pense que "les investigations qui ont précédé l’arrestation d’Abdeslam ont probablement perturbé l’organisation de ces attentats" auxquels s'attendaient les services de renseignement belges, sans pour autant savoir quels lieux allaient être visés, ni quand précisément.
Enfin, Alain Bauer voit malgré tout dans ces attaques un "effet de réplique […] à la mort de Mohamed Belkaïd, à Forest". Cet Algérien, "suffisamment important pour justifier de l’Etat Islamique une accélération d’un processus déjà préparé depuis longtemps", selon le spécialiste, avait été tué mardi dernier lors de cette perquisition ayant tourné en une spectaculaire opération antiterroriste, et de laquelle Salah Abdeslam aurait réussi à s'échapper, avant d'être finalement interpellé vendredi, à Molenbeek.