La cour d'assises de Bruxelles a commencé mercredi l'interrogatoire des neuf accusés jugés pour les attentats du 22 mars 2016 et Salah Abdeslam qui s'exprimait pour la première fois en a profité pour dénoncer "une injustice" estimant que sa place n'était pas dans le box des accusés. "Ma présence dans ce box est une injustice. On ne cherche pas la justice, on cherche à faire des exemples", a soutenu avec véhémence l'accusé en assurant n'avoir pas eu connaissance des projets d'attentats à Bruxelles.
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Le Français âgé de 33 ans, condamné en France à la réclusion à perpétuité incompressible - la plus lourde peine possible - pour son rôle dans les attentats du 13 novembre 2015, était en prison en Belgique quand les attentats de Bruxelles se sont produits. "Je n'ai pas participé" aux attentats de Bruxelles, "le projet d'attentat a vu le jour après mon arrestation le 18 mars 2016", "je n'étais au courant de rien", s'est défendu Salah Abdeslam.
L'interrogatoire sur les faits aura lieu ultérieurement
Ce premier interrogatoire depuis l'ouverture du procès le 5 décembre ne portait que sur la personnalité de Salah Abdeslam. Son interrogatoire sur les faits aura lieu ultérieurement. Son ami d'enfance Mohamed Abrini a également cherché à minimiser son rôle dans les attentats. "On nous fait porter des vestes trop grandes pour nous. Comme à Paris, on va nous condamner pour ce que les autres ont fait", a expliqué d'emblée "l'homme au chapeau", unique survivant du commando jihadiste de l'aéroport de Bruxelles.
Âgé de 38 ans, le Belgo-Marocain qui avait renoncé au dernier moment à participer aux attentats du 13-Novembre à Paris, en revenant à Bruxelles la veille des attaques, avait également renoncé au dernier moment à faire exploser sa bombe à l'aéroport de Bruxelles, laissant Najim Laachraoui et Ibrahim El Bakraoui se faire exploser sans lui. Mohamed Abrini a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans à Paris. Il a renoncé à faire appel. "Après 10 mois de procès, on était tous sur les rotules. Même si j'avais été condamné à la peine de mort je n'aurais pas fait appel", a-t-il expliqué à Bruxelles.
Des accusés qui ne sont pas "le haut de la pyramide", dit Abrini
Mohamed Abrini, vêtu d'un sweat-shirt à capuche orange sous une veste sombre, cheveux coupés courts et barbe fournie, a estimé que les accusés présents dans le box, à Bruxelles comme à Paris, n'étaient pas "le haut de la pyramide". "Vous n'avez pas les commanditaires mais il faut bien taper sur quelqu'un et ce quelqu'un c'est nous", a-t-il dit. Ce procès, comme celui des attentats du 13-Novembre, c'est "pour étancher la soif de sang de l'opinion publique", a-t-il ajouté.
Les attentats du 13-Novembre ont causé la mort de 130 personnes et ceux de Bruxelles ont provoqué le décès de 32 autres. "J'ai toujours aimé faire le bien. C'est ce que j'ai essayé de faire toute ma vie", a soutenu Salah Abdeslam quand la présidente de la cour Laurence Massart lui a demandé d'énumérer ses qualités. "Et vos défauts?", poursuit la présidente. Salah Abdeslam réfléchit un moment et répond avec aplomb: "Je ne m'en connais pas".
Oussama Atar présumé mort en zone irako-syrienne
Aux mêmes questions, Mohamed Abrini avait répondu : "Je crois en Dieu" et "j'ai des millions de défauts, je commets trop de péchés". C'est la première fois depuis l'ouverture du procès que la cour a l'occasion d'entendre la parole des neuf accusés impliqués dans le double attentat islamiste de mars 2016. Un dixième accusé, Oussama Atar, considéré comme le donneur d'ordre des attaques de Bruxelles après avoir coordonné les attentats du 13-Novembre, est jugé en son absence. Il est présumé mort en zone irako-syrienne.
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Après l'examen de personnalité des accusés présents, la cour doit entamer un interrogatoire "par thème". Les interrogatoires sont prévus sur deux semaines mais le calendrier a été souvent bousculé depuis le début de l'audience. Initialement, la parole devait être donnée aux accusés lundi mais l'absence d'un juge assesseur pour raisons médicales a contraint la cour à réorganiser son planning. Les interrogatoires doivent reprendre jeudi avant de s'interrompre dès vendredi pour cause de week-end pascal. Ils ne reprendront ensuite que mardi.