Attentats de Bruxelles : qu'est devenu Fayçal Cheffou, "l’homme au chapeau" ?
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Fayçal Cheffou, un temps considéré comme "l’homme au chapeau" des attentats de Bruxelles, a raconté à franceinfo sa lente descente aux enfers depuis deux ans.
Il a été pris pour "l’homme au chapeau", le seul terroriste survivant du commando des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016. Fayçal Cheffou a raconté à franceinfo le calvaire qu’il a vécu depuis son interpellation il y a deux ans : garde à vue musclée, détention, harcèlement médiatique, dépression. Même les aveux de Mohamed Abrini, le véritable "homme au chapeau" de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, n’y ont rien changé. "Imaginez un peu ce que c'est d'être un type normal et de devenir en quelques secondes l'ennemi public n°1", dit-il à franceinfo.
Fayçal Cheffou est interpellé par la police belge le 24 mars 2016, deux jours après les attentats de Bruxelles . "Sur le trottoir, des policiers avec des gilets pare-balles nous braquent avec leurs mitraillettes. On s'est retrouvé au milieu d'une scène de guerre", raconte-il à franceinfo. Fayçal Cheffou est emmené au siège de la police judiciaire fédérale : ses vêtements sont passés au peigne fin, ses empreintes et ADN relevés. "J'avais une salopette avec des rayures orange. Je me suis dit : 'Ça y est Fayçal, t'es à Guantanamo'", se souvient-il encore.
Fayçal Cheffou a été pris pour "l'homme au chapeau", à droite, qui était en fait Mohamed Abrini.
Les enquêteurs sontpersuadés que Fayçal Cheffou est "l’homme au chapeau" , que l’on aperçoit sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles. Deux éléments les mettent sur la piste du journaliste indépendant : le jour des attentats, il est vu près de la station Maelbeek , où une bombe a explosé, et il porte un bonnet noir. Un chauffeur de taxi le reconnait même formellement.
Fayçal Cheffou est inculpé le jour même pour "assassinats terroristes" et "participation à l’activité d’un groupe terroriste". Son avocat, Olivier Martins, demande une comparaison des empreintes de son client avec celles laissées par "l'homme au chapeau" sur le chariot à bagages de l’aéroport. Deux jours plus tard, Fayçal Cheffou est libéré : les empreintes ne correspondent pas. Peu de temps après, les enquêteurs arrêtent six personnes, dont Mohamed Abrini qui reconnaît être le véritable "homme au chapeau" .
Mais le cauchemar ne s'arrête pas pour Fayçal Cheffou. Des médias du monde entier se mettent à sa recherche : "J’étais sur toutes les chaînes, jusqu’à CNN. J’ai commencé à devenir fou", confie-t-il à franceinfo.
Des médias attendaient Fayçal Cheffou en bas de chez lui. ©NICOLAS MAETERLINCK / BELGA / AFP
Désormais, le trentenaire est devenu paranoïaque. Il n’a pas repris de travail et vit avec 800 euros par mois, assure-t-il. "Comme me l'a déjà dit un policier, moi, je suis un dommage collatéral", se désole-t-il auprès de franceinfo. Malgré les aveux de Mohamed Abrini en avril 2016, Fayçal Cheffou reste inculpé dans l’enquête sur les attentats de Bruxelles. D’après une source judiciaire à franceinfo, il s’agit d’une "question de procédure" et Fayçal Cheffou devrait bénéficier d’un non-lieu, à la fin de l’enquête sur les attentats de Bruxelles.