Le procès des attentats djihadistes qui ont frappé Bruxelles le 22 mars 2016 débutera l'an prochain et sera organisé sur l'ancien site de l'Otan dans la capitale belge, a annoncé vendredi le ministre de la Justice Koen Geens. "Le début du procès est prévu au cours de l'année 2020. À l'automne, la date de début sera communiquée", est-il précisé dans un communiqué. Ces attentats suicide, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), avaient fait 32 morts et plus de 340 blessés à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans une station de métro de la capitale européenne.
Ils ont été commandités depuis la Syrie et organisés par une cellule franco-belge également à l'origine des attaques du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Au total 12 personnes ont été inculpées dans le dossier 22 mars, qui compte aussi quelque 800 parties civiles, d'où la nécessité d'organiser le procès dans un bâtiment très vaste. "C'est l'ancien site de l'Otan qui a été retenu. Il accueillera provisoirement un bâtiment judiciaire", souligne Koen Geens dans le communiqué. La décision a été validée vendredi en conseil des ministres.
Un procès hors-norme
Selon une source proche du dossier, le procès prévu sur "six à huit mois" pourrait démarrer à l'automne 2020. En mars, le parquet fédéral avait évoqué la possibilité que ce procès d'assises soit hébergé dans les anciens murs de l'Otan, les salles d'audience habituelles du palais de justice de Bruxelles étant sous-dimensionnées. D'autres pistes envisagées ont été abandonnées, notamment celle de louer une salle de spectacle sur le plateau du Heysel, jugée hors de prix ("11.000 euros par jour", selon la source proche du dossier). "Les victimes méritent un procès qui puisse se dérouler le plus correctement possible", a insisté vendredi le ministre de la Justice.
Dans ce dossier terroriste aux 6.200 procès-verbaux, le parquet fédéral doit encore rédiger son réquisitoire après la fin des investigations signifiée en juin aux parties civiles par les juges d'instruction. Dans la procédure, Mohamed Abrini et Osama Krayem, arrêtés en avril 2016, comptent parmi les principaux suspects. Le premier a reconnu être "l'homme au chapeau" poussant une valise bourrée d'explosifs sur un chariot aux côtés des deux kamikazes de l'aéroport. Il l'a ensuite abandonnée et a fui. Le second a été vu aux côtés du kamikaze du métro juste avant cette deuxième attaque. Il a également renoncé à se faire exploser.
Il y a dix autres inculpés dont le cerveau présumé des attentats Oussama Atar (considéré en fuite car son décès annoncé début 2018 n'a jamais été confirmé officiellement), ainsi que Sofien Ayari, complice de la cavale de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre. L'ancien siège de l'Otan à Bruxelles datant des années 1960 avait été abandonné par l'Alliance en 2018 pour un nouveau bâtiment hyper moderne construit à proximité.