"Erreur" ou "bousillage politique" : les propos du Premier ministre polonais sur les "auteurs juifs" de la Shoah ont suscité des critiques à Varsovie, mais aussi des réactions de soutien, selon lesquelles Mateusz Morawiecki "avait dit la vérité".
Des propos jugés "inacceptables". Du côté du gouvernement, on veut espérer un apaisement après la conversation téléphonique dimanche entre Mateusz Morawiecki et son homologue israélien Benjamin Netanyahu, dans le contexte de tensions suscitées par une loi polonaise controversée sur la Shoah. Benjamin Netanyahu avait dit à son homologue qu'il jugeait ses propos "inacceptables".
Une tension encore palpable. Cet entretien "a bien entendu contribué à la désescalade de la tension entre Varsovie et Tel Aviv", a dit le chef du cabinet du Premier ministre Michal Dworczyk, sur la chaîne privée TVN24. Mais les commentateurs des principaux quotidiens polonais restent sévères.
Le Premier ministre "devait éteindre l'incendie dans les relations polono-israéliennes, mais il a versé de l'essence à la place de l'eau", écrit Gazeta Wyborcza (GW), proche de l'opposition, sous le titre "Bousillage politique". "Qui étaient, selon le Premier ministre, ces 'auteurs juifs' (de la Shoah) ?", demande GW.
Que désignaient les "auteurs juifs" ? "Pensait-il par exemple aux membres du Sonderkommando d'Auschwitz - Juifs désignés pour le service des chambres à gaz et des fours crématoires ? Aux membres du service d'ordre juif dans les ghettos ? Ou peut-être aux membres des Judenräte, conseils créés dans ces mêmes ghettos et chargés de contacts avec les Allemands ?"
"Dans une question aussi délicate, il aurait dû s'exprimer avec précision : indiquer les crimes et les criminels", ajoute Gazeta Wyborcza, qui reproche au chef du gouvernement de "mettre sur le même plan le comportement d'une poignée de Juifs et les crimes des Allemands et d'un groupe considérable de Polonais, Ukrainiens et Russes".
Une "erreur" pour certains, "la vérité" pour d'autres. Le grand quotidien indépendant Rzeczpospolita observe avec acidité que "si le chef du gouvernement polonais voulait calmer les relations avec Israël, alors, indépendamment de l'exactitude ou non de ses paroles, il a obtenu un effet opposé. C'est tout simplement une erreur", ajoute Rzeczpospolita.
Le ton est bien différent à la une du quotidien catholique conservateur Nasz Dziennik. "Le Premier ministre a dit la vérité", titre le journal. "La collaboration des institutions juives et de certains Juifs avec les Allemands (...) est un fait connu des historiens et des chercheurs sur l'Holocauste depuis de longues années", écrit le journal, qui cite plusieurs universitaires polonais pour étayer cette affirmation.