Le président d'extrême droite du Brésil Jair Bolsonaro a signé mardi un décret qui facilite la détention d'armes à feu, une promesse-phare de sa campagne, au risque d'augmenter la violence dans un des pays les plus dangereux du monde. "Pour assurer le droit à la légitime défense, moi, en tant que président, je vais utiliser cette arme", a déclaré le chef de l'Etat, désignant le stylo avec lequel il a signé le décret, au cours d'une cérémonie au palais présidentiel de Planalto, à Brasilia. Une source ministérielle a déclaré à l'AFP que ce décret entrait en vigueur dès sa signature, sans avoir à être approuvé par le Parlement.
Une majorité de Brésiliens sont pour. Ce décret apporte des modifications assouplissant le "Statut du désarmement" de 2003, qui dressait de nombreuses barrières administratives à la détention d'armes. Le président a affirmé mardi avoir pris cette mesure en raison d'un référendum de 2005, par lequel près de 64% des Brésiliens avaient rejeté une loi qui prévoyait, entre autres, l'interdiction totale de la commercialisation d'armes au Brésil. "Malheureusement, à l'époque, le gouvernement a trouvé des moyens de priver la population du droit" de s'armer, a déclaré Jair Bolsonaro, évoquant le gouvernement de gauche de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), aujourd'hui en prison pour corruption. "Le peuple avait décidé d'acheter des armes et des munitions et nous ne pouvons pas le priver de ce qu'il a voulu à ce moment-là", a conclu le chef de l'Etat.
La détention - et non le port - d'arme facilitée. Dans le nouveau décret, les critères établis pour qu'une personne puisse justifier de la nécessité d'acquérir une arme ont été considérablement assouplis. Il ne porte que sur la détention d'armes et non le port d'armes en dehors du domicile, même si le président Bolsonaro s'est exprimé à plusieurs reprises en faveur de ce dernier, notamment pour les chauffeurs routiers, régulièrement victimes d'attaques armées. Le port d'armes est lui réservé aux militaires, aux policiers et au personnel travaillant dans la sécurité, publique ou privée.
Avec un assouplissement des règles sur la détention d'armes, "vous pouvez être sûr que la violence va chuter", avait affirmé le nouveau président la semaine dernière dans un entretien avec la chaîne de télévision SBT. Le plus grand pays d'Amérique Latine, qui compte près de 210 millions d'habitants, est un des plus violents du monde, avec 63.880 homicides par an, soit 175 par jour en moyenne.