L'étau s'est encore resserré vendredi sur le président brésilien Michel Temer, accusé d'obstruction à la justice dans un document juridique officiel. Dans une demande d'ouverture d'enquête contre le président auprès de la Cour suprême, le procureur général Rodrigo Janot affirme que le chef de l'État, en collaboration avec plusieurs hommes politiques influents, a essayé d'"empêcher l'avancée" de l'opération "Lavage express", l'enquête tentaculaire ayant révélé le méga-scandale de corruption Petrobras.
Le président piégé par un homme d'affaires. Cette demande d'ouverture d'enquête s'appuie sur un accord noué avec la justice par le magnat de l'agroalimentaire Joesley Batista, dont les révélations explosives ont déclenché un véritable séisme. Le président a été enregistré à son insu par cet homme d'affaires, propriétaire du géant de la viande JBS et de la célèbre marque de tongs Havaianas, qui l'aurait piégé en train de donner son accord pour le versement de pots-de-vin. Ces dessous-de-table, révélés mercredi soir par la presse et diffusée par la Cour suprême vendredi, viseraient à acheter le silence d'Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd'hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.
Les trois présidents incriminés pour des pots-de-vin. Dans son témoignage explosif, le patron de JBS accuse par ailleurs Michel Temer et deux anciens présidents, Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff, d'avoir reçu l'équivalent de plusieurs millions d'euros en pots-de-vin. Selon ces récits, Michel Temer a reçu 15 millions de réals (4 millions d'euros) de dessous-de-table de la part de JBS. Pour l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, la Cour suprême donne un chiffre équivalent à environ 45 millions d'euros reçus sur des comptes à l'étranger de la part de JBS, tandis que Dilma Rousseff aurait obtenu près de 27 millions d'euros, également sur des comptes à étranger.
L'affaire "Lavage express" tourne autour de dessous-de-table versés à des politiques, ce qui permettait aux sociétés donatrices d'obtenir des contrats dans des entreprises publiques, notamment auprès de la société pétrolière Petrobras. Les enquêtes de la justice ont débouché sur plus de 90 inculpations d'hommes d'affaires et de politiques tandis que des dizaines d'enquêtes étaient ouvertes sur des parlementaires et sur un tiers des membres du gouvernement Temer.